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Édito
Sainte-Soline : les Verts au défi de la radicalité
La commune de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a connu un week-end de tensions avec la mobilisation de militants écologistes contre un projet de retenue d’eau destiné à faciliter l’irrigation d’exploitations agricoles.
Ce projet de méga-bassines d’eau fâche les écologistes. Résultat, une manifestation interdite et qui dégénère, des dizaines de gendarmes blessés, et un acte de vandalisme dimanche 30 octobre, une canalisation censée alimenter ces futures bassines sectionnée par des manifestants. Tous n’étaient pas de simples militants Verts, il y avait aussi des activistes d’ultra-gauche dont une quarantaine de fichés S, selon Gérald Darmanin qui a cru bon les accuser "d’écoterrorisme".
>> Sainte-Soline : des riverains craignent que ce soit "bien parti pour durer"
Du côté des Verts, officiellement, on récuse la violence mais on brandit la "désobéissance civile", une pratique vieille comme le militantisme écolo. Elle remonte au début des années 70 et met les Verts au défi de la radicalité. Et de la division : un éternel dilemme, illustré par l’accueil fait ce week-end à l’eurodéputé Yannick Jadot. Il a été hué, sifflé par certains activistes, la voiture qu’il avait empruntée a même été taguée de l’inscription "Crevure".
En clair, pour les militants les plus radicaux, Jadot, c’est l’écologie molle, notabilisée. Or, rappelons que dans son parcours, Yannick Jadot a lui-même pratiquée des actions de "désobéissance civile". En tant que responsable de Greenpeace France, il a même été condamné pour avoir pénétré sur un site nucléaire militaire. Sauf que depuis, il milite pour faire des Verts un parti de gouvernement, plus raisonnable, capable d’arriver au pouvoir, de gérer le réel.
Les Verts menacés d’être dépassés par plus radicaux qu’eux
Certains élus écolos ont fait le choix de courir après ces radicaux. C’est le cas de la députée Sandrine Rousseau. À l’écouter, si Yannick Jadot a été chahuté, c’est qu’il l’avait bien cherché : "La manière dont il présente l’écologie interroge" et il doit "retrouver une écologie de combat", dit-elle.
Sandrine Rousseau (@sandrousseau):"Il faut que Yannick Jadot entende qu'on a besoin de retrouver l'écologie de combat" pic.twitter.com/cy46cetDVv
— BFMTV (@BFMTV) October 30, 2022
De son côté, Jadot dénonce des actions violentes qui "pourrissent les mobilisations sociales" et "tueront l’écologie politique" dit-il. Parler fort pour galvaniser les convaincus ou prôner une certaine modération pour ratisser plus large, ce clivage n’est pas nouveau, mais le fossé se creuse désormais au cœur même du parti. Et au moment où l’urgence environnementale s’impose, c’est l’avenir même des Verts qui est en question.
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