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Édito
Rentrée politique : Emmanuel Macron face aux stratégies des ministres qui se rêvent déjà en 2027

Qu'ils soient déjà lancés ou qu'ils y pensent en enfilant leurs cols roulés, plusieurs ministres sont déjà sur les rails pour 2027. Et quatre ans avant l'échéance, la gestion du temps va être cruciale pour mener à bien leur campagne. L'édito politique d'Agathe Lambret.
Article rédigé par franceinfo, Agathe Lambret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Gérald Darmanin et Bruno Le Maire le 25 août 2022 en Algérie. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le gouvernement fait sa rentrée. Premier Conseil des ministres mercredi 23 août autour d'Emmanuel Macron à l'Élysée, mais le président doit composer avec d’autres rentrées. Car certains ne cachent déjà plus leurs ambitions pour 2027.

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C'est notamment le pari périlleux de Gérald Darmanin, qui a décidé de sortir du bois dès maintenant et d'afficher ostensiblement son réseau. À s’aventurer trop tôt, on risque de perdre de l’élan, de se banaliser. C'est le même casse-tête pour Édouard Philippe ou Laurent Wauquiez par exemple, qui ne cachent pas leurs ambitions depuis plus longtemps encore : la gestion du temps, d’où une alternance de prises de paroles fortes suivies de longs silences médiatiques.

L'anti-rentrée de Bruno Le Maire

Quand on dévoile son dessein trop tôt, il faut en effet tenir sur la durée, continuer à susciter l’envie malgré l’absence de mystère... Rien de plus difficile ! Bruno Le Maire en a fait la douloureuse expérience à la primaire de la droite en 2016. Il préparait cette échéance depuis trois ans. Il a fini 5e, avec 2,4%.

C’est peut-être ce douloureux souvenir qui le pousse à temporiser. Le ministre de l'Économie fait une sorte d’anti-rentrée. Quand Gérald Darmanin réunit ses troupes en fanfare à Tourcoing, quand Édouard Philippe va publier un livre sur l'éducation, du côté de Bruno Le Maire, on entend le bruit du silence, sauf quand il parle des enjeux économiques de la France. Difficile de penser pourtant que l’animal politique n'y pense pas en enfilant ses cols roulés, mais pas question de se fondre dans le paysage des candidats : son plan, c’est d’en montrer le moins possible.

Et si Gérald Darmanin assume d’accélérer d’ailleurs, c’est sans doute qu’il a un agenda dans l’agenda : avant 2027, il aimerait bien obtenir Matignon, si Élisabeth Borne cédait enfin sa place. C’est l’art de la campagne à tiroirs : à court et long terme en même temps.

Le temps de la campagne éclair

Dans cet art de la campagne, le dernier exemple réussi, c’est la campagne éclair d’Emmanuel Macron en 2016. Une déclaration tardive, 6 mois avant l'élection, et un jeune candidat sans attaches qui balayait tout sur son passage, de quoi ringardiser ses adversaires. Désormais, d’ailleurs, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont changé de stratégie. Trois fois candidats à la présidentielle, ils ont passé chacun plus de 10 ans en campagne permanente, mais, pour 2027, ils ne sont plus sûrs d’avoir envie disent-ils. De quoi ménager un léger effet de souffle le jour où ils décideront de franchir le pas, s’ils le décident.

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