: Édito

Réforme des retraites : un accord avec les Républicains, un paradoxe pour Emmanuel Macron

À quelques conditions près, un report de l’âge légal à 64 ans, et non pas 65, qui serait étalé sur deux quinquennats, 63 ans en 2027, 64 en 2032. La retraite minimale à 1200 euros pour les retraités actuels et pas seulement les nouveaux entrants, et puis la prise en compte des congés parentaux dans le calcul des pensions.

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Des conditions que l’exécutif devrait accepter. Ce ralliement est logique, la droite prône de longue date le recul de l’âge légal et les sénateurs LR votent chaque année un amendement pour le fixer à 64 ans. Élisabeth Borne peut se féliciter d’avoir reporté sa présentation d’un mois, le temps de discuter avec Eric Ciotti. Pour elle, ce soutien est d’abord une bonne nouvelle qui devrait lui permettre de ne pas recourir à l’article 49-3.

Où est passé le "en même temps" ?

À plus long terme, il soulève plusieurs interrogations qui vont peser sur la suite du quinquennat. D’abord, s’agit-il de l’amorce d’une alliance en bonne et due forme ? Eric Ciotti réfute très clairement cette hypothèse. Pas question de passer un accord de gouvernement avec la majorité, comme le souhaiterait par exemple Nicolas Sarkozy. Pourtant, les députés LR ont déjà voté plusieurs fois avec le groupe Renaissance et la réforme des retraites est un texte emblématique, peut-être le plus important du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Le paradoxe, c’est qu’elle a beau être très affaiblie après ses échecs à la présidentielle et aux législatives, c’est bien la droite qui détient les clefs de ce second mandat. Une position assez inconfortable pour le chef de l’Etat : Emmanuel Macron s’est fait élire, et réélire, sur le dépassement du clivage droite-gauche. Or, le soutien de LR à un texte aussi important que la réforme des retraites fait pencher la majorité un peu plus à droite. En attendant le projet de loi sur l’immigration que portera Gérald Darmanin… Le gouvernement mise sur l’abstention des députés écologistes et socialistes pour faire adopter cette semaine son projet de loi sur le développement des énergies renouvelables. Pour tenter de rééquilibrer un peu le centre de gravité de la majorité. Sous peine que le fameux "en même temps" s’avère finalement en même temps, "de droite… et de droite".