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Édito
Réforme des retraites : un 1er mai unitaire, et après ?
Pour la première fois depuis de nombreuses années, ce sera un 1er mai unitaire. Toutes les confédérations côte à côte sur le pavé, avec l’espoir de réussir la plus forte mobilisation depuis celle du 1er mai 2002. À l’époque 1,3 million de personnes étaient descendues dans la rue, dont 400 000 à Paris. Il faut dire que l’irruption de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle avait suscité un gigantesque sursaut civique, une véritable marée humaine. Lundi, les syndicats n’espèrent pas autant de monde. Mais ils veulent montrer au gouvernement que le rejet de la réforme des retraites reste puissant.
C’est ensuite que les choses vont se compliquer. L’intersyndicale, unie depuis quatre mois, risque bien de se fissurer. "Pas d’apaisement tant que la réforme des retraites n’est pas retirée" : c’est le mot d’ordre que répète Sophie Binet, la nouvelle patronne de la CGT. Mais les syndicats réformistes, eux, n’y croient plus. Il y a déjà eu douze journées de mobilisation, parfois massives, et le texte a été promulgué il y a deux semaines. Ils ne veulent pas se retrouver embarqués dans une succession d’actions sauvages et enfermés dans une impasse. Or, le gouvernement leur tend la main de façon insistante pour ouvrir des négociations sur la future loi Travail, l’emploi des séniors, l’usure professionnelle, les reconversions, bref ce "pacte de la vie au travail" promis par Emmanuel Macron.
"Délai de décence"
Impossible pour des organisations comme la CFDT et la CFTC de refuser tout dialogue. Laurent Berger répète qu’il fera son "boulot de syndicaliste", c’est-à-dire discuter pour obtenir des "avancées pour les travailleurs". Il a seulement demandé un peu de temps, un "délai de décence". C’est sans doute encore l’affaire de quelques semaines. Ce "délai de décence", au fond, c’est le véritable objet de cette période de 100 jours que le gouvernement veut placer sous le signe de l’apaisement.
Si la mobilisation de lundi est un succès, une sorte de bouquet final, les syndicats qui seront prêts à discuter se retrouveront en position de force pour obtenir davantage sur d’autres dossiers sociaux. Bref, pour faire payer au gouvernement au prix fort son obstination sur les retraites.
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