:
Édito
Réforme des retraites : pourquoi le "péril jeune" fait frémir l’exécutif
C'est une inconnue qui est aussi l’une des grandes inquiétudes du gouvernement. Combien de jeunes dans la rue ce mardi 28 mars, pour la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites ? Ils étaient déjà en nombre dans les cortèges jeudi dernier, pour la neuvième journée d’action. Leur présence pourrait doubler voire tripler, selon les prévisions du ministère de l’Intérieur.
Et si le "péril jeune", pour reprendre un célèbre titre de film, fait frémir l’exécutif, c’est qu’une présence massive pourrait changer beaucoup de choses. D’abord évidemment sur le plan quantitatif. Même si le recours au 49-3 les a reboostés, au bout de trois mois de défilés massifs mais sans résultats, les cortèges syndicaux courent le risque de s’étioler. La lassitude peut gagner les rangs des manifestants. L’exécutif mise sur cette résignation. Le renfort de la jeunesse peut être comme une cure de jouvence pour la contestation.
Les jeunes peuvent-ils se mobiliser dans la durée ?
C’est aussi un défi sur le plan sécuritaire. Du côté de la place Beauvau, c’est la principale angoisse. Jeudi dernier, on a déjà assisté à de nombreux débordements en marge des manifestations. La présence de nombreux jeunes, moins encadrés, moins organisés et plus téméraires, c’est le risque de voir davantage d’incidents. Et surtout la crainte d’une bavure, d’un drame, alors que certains comportements policiers brutaux, ont déjà été pointés du doigt et font l’objet de plusieurs enquêtes de l’IGPN. C’est aussi pour essayer de dissuader certains jeunes de manifester que Gérald Darmanin a déployé un dispositif de sécurité hors norme et mis en garde contre la présence d’un millier d’éléments "radicaux" décidés à en découdre…
Au-delà de cette journée de cette manifestation, c’est l’autre question qui hante le gouvernement : les jeunes peuvent-ils se mobiliser dans la durée ? Il y a quelques semaines, la tournée des campus du député insoumis Louis Boyard a plutôt fait flop. Jusque là, les blocages de lycées et d’universités sont restés assez rares et ponctuels. Mais les services de renseignements ont alerté l’exécutif, la mayonnaise commence à prendre. Et de la loi Devaquet en 1986 au CPE en 2005, l’histoire sociale est longue des reculs gouvernementaux face à la fronde de la jeunesse.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.