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Édito
Qui fait monter le Rassemblement national , la gauche ou la majorité ?
Au lendemain du rejet du projet de loi sur l’immigration par l’Assemblée nationale, Élisabeth Borne a dénoncé mardi 12 décembre "l’union sacrée" entre la Nupes et le Rassemblement national. Une "alliance contre-nature", une attitude "irresponsable", a tonné la Première ministre. Élisabeth Borne a accusé l’insoumise Mathilde Panot, le socialiste Boris Vallaud et l’écologiste Cyrielle Châtelain d’avoir "trahi leurs convictions" pour s’allier à l’extrême droite. Une réaction outragée attendue, et justifiée sur le plan arithmétique. C’est bien cette alliance des contraires qui a eu raison du texte de Gérald Darmanin. La même coalition avait failli adopter une motion de censure au printemps pour faire chuter le gouvernement.
La gauche ne rechigne donc plus à mêler ses voix au RN et elle participe ainsi à la banalisation de l’extrême droite. Au sein de la Nupes, les Insoumis remportent la palme du cynisme. Ils votent avec le RN alors qu’il y a un mois à peine, ils avaient prétexté la présence d’élus lepénistes dans la rue pour ne pas manifester contre l’antisémitisme.
Une leçon de cynisme
Le Rassemblement national n’est pas moins cynique. Il a même fait pire puisque, contrairement à la droite, il n’avait pas déposé de motion de rejet et a voté celle des écologistes qui dénonçaient un projet de loi répressif inspiré par le RN. Sacré tour de force ! L’extrême droite a longtemps dénoncé les "magouilles" des parlementaires prêts à trahir leurs électeurs par leurs votes pour des calculs politiciens. À la tête d’un groupe de 88 députés, Marine Le Pen est devenue depuis juin 2022 la plus rouée des manœuvrières. Elle a même donné une leçon à Gérald Darmanin qui a usé de vieilles ficelles et multiplié promesses et pressions en tous genres pour essayer de séduire les députés de droite un par un. En vain.
Qui fait monter le RN, la majorité ou l’opposition ? Tout le monde. L’exécutif à cause de ses échecs, notamment sur la sécurité, et de ses velléités d’instrumentaliser le Rassemblement national pour gêner la gauche et LR. La droite par ses compromissions et sa gémellité avec l’extrême droite sur les sujets régaliens. Et la gauche quand son anti-macronisme exacerbé la conduit à voter avec les députés RN, quitte à provoquer un chaos qui ne profite qu’aux lepénistes.
Depuis 18 mois, la majorité et la Nupes versent dans le pugilat, s’accusent mutuellement de servir l’extrême droite, et négligent de la combattre. Marine Le Pen n’a qu’à compter les points en regardant ses adversaires lui dérouler le tapis rouge vers l’Élysée en 2027.
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