Édito
Où sont passés les élus du RN ?

Depuis le résultats des élections législatives, on entend peu les députés du Rassemblement national. Cette stratégie du retrait médiatique est assumée : rien ne sert d’apparaître comme des mauvais perdants, explique le RN. Surtout quand les autres, Nouveau Front populaire et PS se montrent divisés.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen à la tête du groupe RN à l'Assemblée nationale, le 10 juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Déçu de ne pas devenir Premier ministre, Jordan Bardella a choisi de prendre du champ du côté de l’Europe. Il a discrètement pris la tête du 3e groupe le plus important, Les Patriotes pour l’Europe, aux côtés du Premier ministre hongrois, l’eurosceptique et pro-Poutine Viktor Orban, ainsi que le parti d’extrême droite autrichienne, groupe dans lequel ne siège pas l’Italienne, Giorgia Meloni.

Quant à Marine Le Pen, elle a été réélue sans surprise à la tête du groupe Rassemblement national à l' Assemblée nationale où, avec ses alliés, elle compte 143 députés contre 88 en 2022. C’est le groupe de l’Assemblée qui est composé du plus grand nombre de députés issu du même parti politique. Or la semaine est importante car vont s’y négocier les postes à l’Assemblée.  

À quoi les élus RN peuvent-ils prétendre ?

C’est là où ça coince. Lundi, à la quasi-unanimité, les députés Renaissance ont ainsi assuré qu’ils ne souhaitent ni RN ni LFI aux postes de l’Assemblée, histoire de mettre un cordon sanitaire avec les extrêmes. Reste que la démarche suscite des critiques. Pour François de Rugy, ancien président de l’Assemblée nationale, exclure le RN, comme Les Insoumis d’ailleurs, des postes de vice-présidents et questeurs du Palais Bourbon serait "contraire à l’esprit du règlement de l’Assemblée, qui indique qu’une forme de proportionnelle doit être respectée", sous-entendu, recréer une forme de front républicain au sein de l’hémicycle ne serait pas respectueux des résultats du vote et notamment des 10 millions d’électeurs qui ont glissé un bulletin pour le parti de Marine Le Pen.

Normalement, le Rassemblement national pourrait prendre la tête de commissions, comme celle des Finances, une commission importante, qui permet d’avoir accès aux comptes publics, et qui traditionnellement, revient à l’opposition. Sous l’ancienne mandature, la commission des Finances avait été laissée à l’Insoumis Éric Coquerel parce qu’il était étiqueté Nupes, considérée alors à part entière comme un seul groupe d’opposition, alors qu'elle était constituée de plusieurs mouvances : LFI, communiste, écologiste ou même socialiste. Cette fois, Éric Coquerel a prévenu qu’il ne briguerait pas cette commission des Finances parce qu’il estime ne plus être dans l’opposition.

Mais alors, avec une Assemblée divisée en trois blocs, à qui doit-elle revenir ?  À la droite, aux LR ? À Renaissance ? Ou bien au Rassemblement national ? Où se situe désormais l’opposition ? Et ce, d’autant qu’il n’y a toujours pas de nouveau gouvernement. Avec de telles ambiguïtés, on se demande comment le président ou la présidente de l’Assemblée nationale pourra être élu jeudi prochain.

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