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Édito
L'abaya, le sujet qui mobilise les Insoumis... mais pas toute la gauche

En cette rentrée, le port de l’abaya à l’école est interdit et le ministère de l’Éducation nationale affirme ne pas avoir relevé d’incidents marquants lundi pour le premier jour des cours. Mais la polémique politique et juridique prend de l’ampleur.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une femme portant l'abaya à Paris (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

Un premier recours contre l'interdiction de l'abaya à l'école doit être examiné mardi 5 septembre par le Conseil d’État. Il a été déposé par une association, Action des Droits des musulmans, qui accuse le décret de créer un "risque de profilage ethnique à l’école". De son côté, le gouvernement plaide l’application de la loi de 2004, qui proscrit le port de signes religieux ostentatoires dans l’enceinte des établissements scolaires. D’autres recours vont suivre, dont celui de la France Insoumise annoncé haut et fort par le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard. En cette rentrée, les Insoumis veulent faire du port de l’abaya un cheval de bataille politique. 

Un sujet qui colle aux intérêts électoraux des Insoumis

Si la France Insoumise (LFI) s'empare autant du sujet, c'est parce que le sujet colle à la fois à sa nouvelle identité politique et aux intérêts électoraux de ses députés. LFI se pose en porte-parole des minorités qu’elle juge stigmatisées, à commencer par les musulmans. La défense du port de l’abaya, c’est la suite logique de l’accueil chaleureux réservé au rappeur Médine, vedette de la réunion de rentrée des Insoumis à Valence, il y a dix jours.

Dans le même temps, Manuel Bompard assure pourtant que l’abaya n’est pas un vêtement religieux. D’ailleurs, selon lui, seules les religions sont en droit de déterminer "quels sont les signes religieux et ceux qui ne le sont pas", l’État devrait rester "indifférent". Une prise de position contraire à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Elle stipule que "la République garantit la liberté de conscience" et le "libre exercice des cultes", à condition qu’ils ne remettent pas en cause "l’ordre public" et donc la neutralité des services publics.

La gauche ne suit pas

On voit mal comment La France Insoumise pourrait tirer profit de cette polémique. Selon un sondage Ifop pour Charlie Hebdo datant du 31 août 2023, huit Français sur dix, dont une majorité des sympathisants de gauche, sont favorables à l’interdiction de l’abaya à l’école. Certains élus de la Nupes également, comme le communiste Fabien Roussel ou le socialiste Jérôme Guedj. Et même à LFI, certains élus, comme le député de la Somme, François Ruffin, préfèrent concentrer l’essentiel de leurs forces pour défendre le pouvoir d’achat plutôt que le port de l’abaya.

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