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Édito
Malgré les annonces du RN, le "prêt russe" reste un fil à la patte pour le parti
Le Rassemblement National a annoncé mardi 19 septembre avoir remboursé l’intégralité du prêt qu’il avait contracté auprès d’une banque russe. Il a soldé l’intégralité des six millions de l’emprunt qu’il avait contracté en 2014, auprès d’une banque proche du Kremlin, et s’est dépêché de le faire savoir. S’il a pu effectuer ce remboursement de façon anticipée, alors qu’il avait encore plusieurs années devant lui, c’est grâce à l’argent de l’État et donc du contribuable. En effet, ses bons résultats aux élections législatives de juin 2022, et l’obtention d’un groupe de 88 députés, lui ont permis de doubler le montant de la dotation publique qu’il perçoit chaque année. Le RN touche désormais plus de 10 millions d’euros par an.
Un fil à la patte gênant
Ainsi le parti s'est débarrassé d’un fil à la patte particulièrement gênant. On se souvient de la formule d’Emmanuel Macron lors du débat télé de l’entre-deux tours de la présidentielle 2022 : "Quand vous parlez à monsieur Poutine, vous parlez à votre banquier !", avait-il lancé à Marine Le Pen. Après avoir courtisé Moscou pendant des années, celle-ci a continué de faire preuve de beaucoup d’indulgence vis-à-vis du Kremlin depuis le début du conflit. Contre l’avis de la communauté internationale, le RN a reconnu l’annexion de la Crimée, s’est opposé à la plupart des livraisons d’armes à Kiev et n’a pas voté en faveur de l’entrée de la Finlande et de la Suède à l’Otan. Au mois de mai, le rapport d’une commission d’enquête parlementaire avait même conclu que le RN était devenu une "courroie de transmission du pouvoir russe".
Une "naïveté collective" pas si collective
À l’approche de la campagne des élections européennes, il y avait donc urgence pour Jordan Bardella à se débarrasser de cette accusation. Mais quand il a confessé il y a quelques mois une "naïveté collective" du Rassemblement National à l’endroit de Vladimir Poutine, il s’est fait taper sur les doigts par sa supérieure.
Jusque là, Marine Le Pen n’a pas infléchi sa position. Elle n’a pas donné de signe de vraie rupture avec le Kremlin. C’est d’ailleurs un sujet de désaccord de plus avec la cheffe de file du gouvernement italien, Giorgia Meloni, fervente atlantiste et ferme soutien de Volodymir Zelensky. Disons que si elle continue de prendre demain des positions pro-russes, Marine Le Pen pourra au moins certifier que ce n’est pas par vénalité, mais par authentique choix politique.
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