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Édito
Les deux gauches irréconciliables au sujet des "violences policières" ne pourront pourtant pas revenir au pouvoir l’une sans l’autre.
Les "violences policières" sont le principal mot d’ordre des manifestations lancées depuis juin, après la mort du jeune Nahel et la semaine d’émeutes qui a suivi. Cet appel pour samedi 23 septembre est une occasion de plus saisie par la gauche pour étaler ses divisions.
La France insoumise, les Verts, mais aussi la CGT et de nombreuses associations appellent à défiler, mais pas le PCF ni le Parti socialiste. Ces deux partis réfutent l’existence d’un racisme systémique de la part de l’institution policière. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a ajouté qu’il ne veut pas défiler sous le slogan, "Tout le monde déteste la police" repris en cœur lors de ces manifestations. Il a reproché aux Insoumis de vouloir faire de la manifestation une tribune pour défendre le port de l’abaya à l’école. Le coordinateur des Insoumis, Manuel Bompard a répliqué vendredi franceinfo en le traitant de "menteur".
Deux gauches visant deux électorats
Depuis quelques temps, Fabien Roussel est dans le collimateur des Insoumis. Jean-Luc Mélenchon lui reproche, comme à Olivier Faure et à Marine Tondelier, de refuser l’union aux Européennes, mais il lui réserve un traitement de faveur. Il a fait huer son nom le week-end dernier à la Fête de l’Humanité et la députée Insoumise de Paris, Sophia Chikirou, une fidèle de Mélenchon, a carrément lancé sur les réseaux sociaux : "Il y a du Doriot dans Roussel", un message approuvé par Jean-Luc Mélenchon. Jacques Doriot, exclu du PCF en 1936, fut le fondateur du PPF, le parti populaire français, le principal parti collaborationniste sous l’Occupation. Il enfila même l’uniforme de la Wehrmacht pour aller combattre sur le front de l’Est, on peut difficilement faire plus infâmant pour Fabien Roussel, indigné par ce qu’il considère comme un "appel à la haine".
Cette haine entre les deux hommes vient d'une part du ressentiment personnel de Jean-Luc Mélenchon, qui est persuadé que la candidature de Fabien Roussel l’a empêché de se qualifier pour le second tour de la présidentielle en 2022 , mais surtout, d'un profond désaccord stratégique. L’Insoumis drague avant tout l’électorat des banlieues, en particulier les jeunes et les musulmans, alors que le Communiste cible d’abord l’électorat populaire de la France péri-urbaine, qu'il souhaite disputer au RN. Deux gauches aujourd’hui irréconciliables qui ne pourront sans doute pas revenir demain au pouvoir l’une sans l’autre.
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