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Édito
Législatives 2024 : Emmanuel Macron a dissous le macronisme et s'est dissous lui-même
Le chef de l’État a dissous l’Assemblée nationale, il a dissous sa majorité, il "l’a tuée", selon le mot d’Édouard Philippe, et il s’est dissous lui-même. C’est d’abord le rejet dont il est la cible qui a causé le naufrage des siens, dimanche 30 juin lors du premier tour des élections législatives. Ce rejet qui avait plombé Valérie Hayer il y a trois semaines aux élections européennes. Ce rejet qu’Emmanuel Macron a refusé de voir, au point de continuer de se montrer et de parler encore et encore au cours de cette campagne express des législatives alors que ses fidèles l’imploraient de se taire. L’anti-macronisme est désormais beaucoup plus fort dans l’opinion que l’anti-lepénisme, le chef de l’État a réussi à propulser l’extrême droite à son plus haut niveau historique.
Sans doute, restera-t-il d'abord du macronisme cette incompréhensible décision de dissoudre l'Assemblée nationale au soir des élections européennes, au moment où son camp était au plus bas et le RN au plus haut. On a longtemps moqué Jacques Chirac pour la dissolution ratée de 1997 qui avait ramené la gauche au pouvoir, "une expérimentation hasardeuse", s’amusait Lionel Jospin. Emmanuel Macron a fait fort, beaucoup plus fort en matière de hara-kiri électoral.
Emmanuel Macron reclus à l'Élysée
Pour le reste, le macronisme léguera des réformes, dont certaines positives, des capacités de gestion, mais pas d’idées neuves, pas de doctrine, pas de corpus idéologique. Le "dépassement", le "en même temps", n’étaient que des slogans sans consistance et le macronisme une aventure individuelle, celle d’un homme qui a commencé seul une incroyable conquête du pouvoir et qui finit seul reclus à l’Élysée sept ans plus tard.
Mais l’élection n’est pas encore complètement jouée, le Rassemblement national n’est pas assuré d’obtenir une majorité absolue. Un hypothétique "Front républicain", qui a commencé à se mettre en place dimanche soir, peut encore l’en empêcher. Sans que l’on perçoive bien pour l’heure les contours d’une majorité alternative. Mais cela ne change pas grand-chose au destin d’Emmanuel Macron lui-même. Dans tous les cas de figure, le voilà condamné à la cohabitation, soit avec Jordan Bardella, soit avec la gauche, soit avec ses propres partisans, car les députés Renaissance survivants, réélus malgré le boulet Macron, sont devenus les plus anti-macronistes de tous. Un Président qui ne pourra même pas user de l’arme d’une nouvelle candidature en 2027 puisqu’il ne peut pas se représenter. Et qui risque fort d’entrer dans l’histoire comme celui qui aura ouvert les portes du pouvoir à l’extrême droite pour la première fois depuis la Libération.
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