: Édito
La proportionnelle aux législatives, une solution miracle pour obliger nos politiques à bâtir des compromis ?

Alors que personne n'a la majorité absolue à l'Assemblée nationale depuis les élections législatives anticipées en juillet, la question de la proportionnelle revient sur la table.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'Assemblée nationale le 18 juillet 2024. (FRED HASLIN / MAXPPP)

Raphaël Glucksmann fait cette proposition mardi 20 août dans les colonnes du Point : "dégageons rapidement une majorité pour instaurer la proportionnelle pour les prochaines législatives". Ça ne réglerait en rien le blocage actuel pour constituer un gouvernement, mais ça simplifierait peut-être les choses à l'avenir. L'argument de l'eurodéputé PS-Place Publique est le suivant : ça permet "la clarté au moment du vote et oblige ensuite au compromis pour gouverner".

Avec la proportionnelle, on n'aurait pas forcément une Assemblée nationale moins éparpillée que l'hémicycle actuel. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, on a les inconvénients de la proportionnelle - une majorité introuvable - sans le mode d'emploi. Nos institutions sont pensées pour un vainqueur qui gagne tout grâce au scrutin majoritaire, et malheur aux vaincus. Sauf que, sans vainqueur net, on ne sait pas faire, question de culture politique et d'habitude. On le voit depuis le 7 juillet : la gauche revendique de gouverner seule sur la base de son programme alors qu'elle n'a que 193 députés, la droite ne veut pas de coalition, l'ex-majorité dit à la droite et à la gauche, hors LFI, "travaillons ensemble", sans grand succès jusqu'ici. On tâtonne, on s'envoie des courriers, le président va recevoir chaque camp séparément à partir de vendredi, mais il n'y a pas de vraies négociations.

NFP, RN, Renaissance... des partisans de la proportionnelle dans tous les camps

En instaurant l'élection des députés à la proportionnelle, la règle du jeu serait claire dès le départ. Chaque parti se présente seul, avec ses propositions et voit combien il pèse. Au passage, il y a un aspect que Raphaël Glucksmann a sans doute en tête : pas besoin d'alliance avant les élections, donc pas besoin de se répartir les circonscriptions avec LFI. Avec la proportionnelle, la philosophie change, les responsables politiques savent à l'avance qu'il faudra des alliances après le vote. Mais ça n'est pas une baguette magique, nos voisins européens prouvent que ça peut aussi prendre des mois pour bâtir une coalition, car ça suppose de faire du troc : je renonce à cette mesure en échange de celle-ci, et toi, tu renonces à ça.

La proportionnelle a des partisans dans tous les camps. Globalement, le NFP est pour, Insoumis et Écologistes en tête. Le RN a, lui aussi, toujours réclamé la proportionnelle, malgré une inflexion début juillet, quand Marine Le Pen semblait se satisfaire du scrutin majoritaire. Mais c’était avant de se heurter à nouveau au front républicain du second tour. Du côté de l'ex-majorité, François Bayrou est un défenseur historique de la proportionnelle. Mardi, dans L'Opinion, le président du Parti radical, Laurent Hénart, autre allié d'Emmanuel Macron, plaide aussi pour. Au printemps, c'est la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, assez seule chez Renaissance, qui voulait lancer ce chantier. Mais depuis la dissolution, les "proportionnalistes" pourraient bien être majoritaires à l'Assemblée.

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