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Édito
Immigration : LR profite des hésitations d’Emmanuel Macron pour mettre le cap à droite toute
Divisés sur la réforme des retraites, les Républicains essayent de refaire leur unité sur le thème de l’immigration avec deux propositions de loi que la droite entend inscrire prochainement à l’ordre du jour du Parlement : l’une pour réduire drastiquement l’immigration en facilitant les expulsions ou en restreignant l’accès au droit du sol ; et l’autre, plus musclée encore, pour chambouler carrément la Constitution. LR profite donc des hésitations d’Emmanuel Macron sur ce sujet pour mettre le cap à droite toute !
>> Immigration : les leaders de LR dévoilent deux propositions de loi pour "reprendre le contrôle"
La droite veut permettre à la France de s’affranchir des règles européennes et de déroger aux traités internationaux en matière de législation sur l’immigration. Il s'agit clairement d’une rupture. Et le slogan brandi par LR l’illustre : "Reprendre le contrôle !". C'était celui de Boris Johnson au moment du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni. Sur l’immigration, le projet de LR est un Brexit qui ne dit pas son nom. Pour relever le défi migratoire qui se pose au continent tout entier, finies les règles communes laborieusement mises en œuvre à l’échelle européenne, place au chacun pour soi !
Plus question d’apparaître comme une force d’appoint d’Emmanuel Macron
Pour LR, ce cavalier seul a un but : contourner ce que Bruno Retailleau appelle dans le Journal du Dimanche "le gouvernement des juges", c’est-à-dire le Conseil constitutionnel et la cour européenne des droits de l’homme, et se tourner directement vers les électeurs en leur promettant un référendum sur l’immigration. Soit, exactement ce que préconise Marine Le Pen de longue date. Au fond, LR prétend rompre avec les trois dernières décennies de politique migratoire, y compris avec les années Sarkozy puisque que la droite veut rétablir la double peine qui avait été supprimée par l’ancien Président.
Mais ces deux propositions de loi n'ont pas la moindre chance d’être adoptées. Et ce n'est pas l’objectif. Affaibli, lâché par une bonne partie de ses troupes sur la réforme des retraites, Eric Ciotti rejette cette fois en bloc "l’équilibre" recherché par le gouvernement entre expulsions accélérées et nouveau titre de séjour pour "métiers en tension". Pour essayer de se refaire une santé, il n’est plus question d’apparaître comme une force d’appoint d’Emmanuel Macron. Quitte à se faire le petit télégraphiste des propositions de Marine Le Pen, et peut-être demain, son supplétif.
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