Édito
Gouvernement de Michel Barnier : le Premier ministre doit-il craindre la motion de censure du Parti socialiste ?

La présence dans le nouveau gouvernement de figures résolument conservatrices comme le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau fait grincer des dents. Le socialistes ont déjà indiqué qu'ils allaient déposer une motion de censure.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier lors de la cérémonie de passation de pouvoir à l'hôtel Matignon, à Paris, le 5 septembre 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / POOL)

À peine dévoilée, la composition du gouvernement Barnier a suscité un torrent de critiques des oppositions, et la gauche souhaite déjà le renverser. Le groupe socialiste déposera une motion de censure à l’issue du discours de politique générale du Premier ministre, le 1er octobre. Toute la gauche resserre les rangs pour contester d’une même voix la légitimité de son gouvernement. "Une combinaison", tonne Jean-Luc Mélenchon qui souhaite "s’en débarrasser le plus tôt possible". "Un bras d’honneur à la démocratie", fustige en écho Olivier Faure qui juge même que c’est "le gouvernement le plus réactionnaire de la Ve République" ! Bon, avant Bruno Retailleau, la présence place Beauvau de Charles Pasqua, Michel Poniatowski ou Raymond Marcellin a suscité les mêmes cris d’orfraie de la gauche… Il n’empêche que cette équipe penche clairement à droite et apparaît très fragile. 


 
Sa majorité est très relative à l'Assemblée nationale. L’alliance macronistes-droite pèse 213 sièges, c’est le plus gros des trois blocs à l’Assemblée, devant la gauche et l’extrême droite, mais c’est loin de la majorité absolue de 289 députés. L’addition des voix du Nouveau Front populaire et de l’extrême droite conduirait à l’adoption de la motion de censure, mais Olivier Faure lui-même reconnaît qu’"elle est vouée à l’échec". Certes, le RN multiplie également les critiques, Marine Le Pen parle d’un  "gouvernement de transition" et souhaite "la législature la plus courte possible", mais il est peu probable que l’extrême droite vote la motion de censure de la gauche. D’abord, parce que Marine Le Pen a une autre urgence.

Pas de nouvelle dissolution à court terme

Elle est attendue lundi 30 septembre au tribunal où elle sera jugée pour détournement de fonds publics dans le cadre de l’affaire des assistants fictifs du RN, un procès long de deux mois et de lourdes menaces judiciaires à l’horizon. Et puis, faire chuter le gouvernement Barnier dès maintenant, alors qu’une nouvelle dissolution ne peut avoir lieu avant dix mois, ce serait ajouter du chaos au désordre, soit l’image que Marine Le Pen veut éviter de donner. La motion de censure est une arme délicate à manier, et pour la gauche aussi. Car en déposer en rafale, sans succès, c’est aussi faire la preuve qu’on ne dispose pas de majorité de rechange. Pour l’heure, plutôt que de craindre une éventuelle addition des voix de gauche et du RN, sur laquelle il n’a pas de prises, Michel Barnier devrait surtout redouter les divisions qui risquent d’apparaître au cœur même de sa coalition brinquebalante dès le débat budgétaire.

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