:
Édito
Gérald Darmanin, une solution pour Emmanuel Macron ou une fuite en avant ?
Un jour contre "le danger de l’ultragauche", le lendemain pour fustiger ce qu’il appelle "le terrorisme intellectuel" coupable de transformer les casseurs en victimes. Mercredi 5 avril, il s’en est carrément pris à la Ligue des droits de l’homme en menaçant de façon à peine voilée de lui couper les subventions de l’Etat. En s’en prenant à cette institution, fondée en 1898 lors de l’affaire Dreyfus, le ministre de l’Intérieur a dépassé les bornes, y compris aux yeux de plusieurs élus de la majorité. Au point que certains en viennent à se demander si Gérald Darmanin n’est pas devenu incontrôlable.
Il se croit autorisé par ses supérieurs à agir ainsi, en l’occurrence par Emmanuel Macron. De fait, Gérald Darmanin s’est affranchi de l’autorité d’Elisabeth Borne. Par ses mots souvent provocateurs, il continue donc d’attiser la tension du débat public, un peu comme Emmanuel Macron quand le chef de l’Etat cible le leader de la CFDT, Laurent Berger. Tout cela froisse la Première ministre Elisabeth Borne, qui plaide vendredi dans le journal Le Monde pour une certaine désescalade, et appelle à "ne pas brusquer les choses", les syndicats, pendant une "période de convalescence" après la réforme des retraites.
Objectif Matignon ?
Beaucoup dans la majorité pensent que Gérald Darmanin vise la succession d’Elisabeth Borne. Il a fait une OPA sur la communication gouvernementale parce qu’il occupe le vide, au sein d’une équipe peuplée de ministres faibles, voire inaudibles. Et il croit s’être rendu indispensable à Emmanuel Macron. À l’Elysée, on voit d’un très bon œil ce ministre de l’Intérieur qui parle à la droite, à l’électorat populaire et qui veut incarner l’ordre républicain "quoi qu’il en coûte". Au moment où des tensions apparaissent au grand jour entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, Gérald Darmanin pourrait apparaître comme un recours pour le chef de l’Etat pour essayer de remettre son quinquennat à l’endroit.
Certains dans la majorité le pensent capable de sortir l’exécutif de l’impasse, de lui rallier des soutiens à droite. Le souci, c’est que dans un contexte de tensions, le ministre de l’Intérieur n’a pas vraiment le profil d’une solution apaisante, mais plutôt celui d’une périlleuse fuite en avant.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.