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Édito
Finances publiques : les plans d'économies, un choix du gouvernement aux conséquences politiques lourdes
Ramener le déficit de la France à 3% de son PIB devient un pari de plus en plus difficile à tenir, à mesure que le ciel de l’économie française se charge de nuages noirs. Mercredi 13 mars, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a encore révisé la prévision de croissance à la baisse, la ramenant à 0,8 % pour l’année 2024. Mardi, c’était Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes, qui réclamait un "effort massif" pour économiser 50 milliards de dépenses publiques en trois ans.
Le plan d’économies acté fin février par le gouvernement, comportant 10 milliards d’euros de coupe budgétaire, semble déjà largement insuffisant. Bercy envisage donc un budget rectificatif pour cet été, puis encore au moins 20 milliards de coupes dans le budget 2025.
La crédibilité de la politique économique face à la montée du RN
Les conséquences financières seront importantes. Fin 2024, le déficit sera d’ailleurs bien plus lourd que les 4,9% du PIB initialement prévus par Bercy. Mais ce sont surtout des conséquences politiques lourdes qui sont à prévoir. Avec une croissance au ralenti et des rentrées fiscales à la baisse, le débat sur les hausses d’impôt pourrait ressurgir, y compris au sein de l’aile gauche de la majorité. Même si ni Emmanuel Macron, ni Bruno Le Maire ne veulent en entendre parler, voilà que même Alain Minc les juge désormais inévitables... De plus, avec un chômage qui repart à la hausse, la crédibilité de la politique économique du gouvernement va se trouver menacée.
L’exécutif a donc beaucoup à perdre, car il a fait de cette crédibilité l’un de ses atouts majeurs pour résister à la progression de Marine Le Pen, dans la perspective de la présidentielle 2027. Le programme du parti d’extrême droite est ultra-dépensier et jusqu’ici, cette donnée affolait les milieux économiques. Mais si Emmanuel Macron laisse des caisses vides en fin de mandat, la crainte d’un chaos financier déclenché par l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite serait amoindrie.
Marine Le Pen l’a d'ailleurs compris : elle a publié il y a quelques jours une tribune dans le quotidien Les Echos pour réclamer une "stratégie nationale face au mur de la dette". C'est plutôt hardi quand on sait que le coût de son programme est estimé à plus de 80 milliards d’euros. Mais si Marine Le Pen se permet de faire la leçon en matière de finances publiques, c’est bien que l’heure est grave pour le gouvernement.
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