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Édito
Faut-il changer la Constitution de la Ve République ?
La dissolution de l’Assemblée a plongé le pays dans une situation de crise politique et l’issue des élections législatives ne suffira peut-être pas à la résoudre. Quel que soit le résultat, dimanche 7 juillet, une question que personne n’a abordé au cours de cette campagne express devrait ressurgir : Faut-il réformer notre Ve République à bout de souffle ? La dissolution surprise décidée sans vraie consultation par un homme seul contre tous, et d’abord contre son propre camp, illustre la brutalité de nos institutions. La brièveté de la campagne, presqu’escamotée au regard des lourds enjeux de ce scrutin, suscite une vraie frustration démocratique.
En cas de majorité absolue pour le RN, la cohabitation avec une extrême droite sans expérience du pouvoir prendrait un tour forcément très conflictuel. Les déclarations de Marine Le Pen réduisant le rôle de "chef des armées" du Président à un "titre purement honorifique" ou l’accusant de fomenter un "coup d’État démocratique" parce qu’il exerce son pouvoir de nomination laissent augurer du pire. D’autant qu’une bonne partie du programme du RN semble anticonstitutionnel.
S'il n’y a pas de majorité à l’Assemblée, les institutions seront là aussi sous forte tension. D’abord parce que le RN va aussitôt mettre une pression maximale sur Emmanuel Macron et réclamer la démission du président de la République. De plus, notre pays n’a pas de vraie culture parlementaire. La discussion avec l’autre camp, la recherche d’un compromis, passent vite pour des trahisons. Bâtir une coalition des modérés, sans le RN ni LFI, est un défi qui semble insurmontable. La France n’a pas davantage d’expérience d’un gouvernement de techniciens ou d’experts auquel le Parlement accorderait sa confiance pour un temps. La faute, notamment au mode de scrutin majoritaire à deux tours qui clive et force à choisir un camp.
Le recours à la proportionnelle
La proportionnelle serait un outil plus démocratique parce que ce mode de scrutin oblige à discuter avec d’autres forces pour construire une coalition. On le voit en Allemagne, en Italie et dans la plupart des démocraties occidentales. Le souci, c’est que ce sont toujours les petits partis, confinés dans l’opposition, qui réclament la proportionnelle, alors que le plus gros veut bénéficier de l’effet amplificateur du mode de scrutin majoritaire à deux tours. Droite et gauche ont longtemps récusé la proportionnelle supposée profiter au RN. Maintenant que le parti lepéniste est la principale force du pays, c’est l’inverse. Selon qu’elles sont au pouvoir, ou dans l’opposition, les formations politiques préfèrent hélas, utiliser les institutions pour leur propre intérêt partisan, plutôt que de les corriger au service de l’intérêt général d’une démocratie apaisée.
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