Édito
Élections européennes : cliver pour mobiliser, le pari du gouvernement pour se relancer dans la campagne

Distancée dans les sondages d'intentions de vote aux Européennes par le RN, la majorité présidentielle souhaite montrer qu'elle n'est pas prisonnière de l'absence de majorité absolue à l'Assemblée. Les déclarations de Stanislas Guerini sur le tabou des licenciements dans la fonction publique sont une illustration de cette stratégie.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Jérôme Bertolus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le ministre français de la Transformation et de la Fonction publics, Stanislas Guerini, à l'Elysée, à Paris, le 10 avril 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Alors que les mauvaises nouvelles sur le front économique s’accumulent le gouvernement tente de reprendre l’offensive, et la meilleure défense : c’est le mouvement ! Le gouvernement veut montrer que les choses bougent. Qu’il n’est pas englué dans les économies budgétaires. Qu’il n’est pas prisonnier de sa majorité relative à l’Assemblée et tétanisé par la menace d’une motion de censure. Pour les européennes, l’exécutif veut remobiliser son électorat. C’est le calcul de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publics, quand il explique qu’il faut mettre fin au tabou des licenciements dans la fonction publique, mardi 9 avril dans le Parisien. Il parle à l’électeur macroniste qui n’est pas encore certain d’aller voter. 

C’est un pari risqué. Pour l’instant, Stanislas Guerini a surtout braqué les syndicats, mais ça n’est pas forcément pour déplaire au ministre de la Transformation et de la Fonction publics. Avec l’assentiment d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, le discret Stanislas Guerini assume de faire de la politique. Cliver pour faire oublier la morosité économique. Saturer l’espace médiatique et démontrer, en même temps, que l’appétit de réforme du gouvernement est toujours là. D’autres pourraient rapidement déboucher dans l’espace politique et médiatique, comme la réforme du travail, après l’échec des partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’emploi des seniors ou encore le projet de loi baptisé Macron II, qui vise, à réduire les normes dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Des attaques contre le RN inefficaces

La majorité avait démarré la campagne en multipliant les attaques contre le RN sans aucun effet puisque le constat est là, l’écart entre la liste du Rassemblement national et celle de la majorité ne se réduit pas. Quand Jordan Bardella dépasse les 30% d’intention de vote, Valérie Hayer ne parvient pas même pas à dépasser la barre symbolique des 20%. S’il est vrai que le vote aux européennes se cristallise surtout dans les derniers jours, les prochaines semaines seront décisives sur le plan de la dynamique de campagne. Dès lundi, Emmanuel Macron prendra la parole à l’occasion des 100 jours des Jeux olympiques avant une intervention solennelle, sans doute fin avril, sur la France et l’Europe. L’exécutif veut donc reprendre l’initiative politique. Plus seulement sonner le tocsin.

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