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Édito
Crise en Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron monte en première ligne
Emmanuel Macron se rend mercredi 22 mai actuellement en Nouvelle-Calédonie. Un voyage éclair, 24 heures chrono sur place, comme dirait Jack Bauer. La mission est à peine moins compliquée. Malgré le déploiement massif de forces de l’ordre, la situation reste très tendue au bout d’une semaine d’émeutes qui ont fait six morts dont deux gendarmes. Le blocage politique est total. Dans ce territoire meurtri, toujours régi par l’état d’urgence, ce déplacement politiquement risqué soulève de fortes attentes. La preuve, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui a géré le dossier calédonien, a même fait la leçon mardi soir au chef de l'État. Il a "espéré que les annonces du président Macron soient à la hauteur" d’une "situation terriblement triste, dangereuse" et "plus compliquée qu’il y a trois mois".
Emmanuel Macron prend ce risque, d’abord pour s’afficher en Président, en même temps, compatissant envers les Calédoniens, au chevet d’une population traumatisée, et ferme, c’est-à-dire garant de l’ordre républicain. Il entend installer une mission pour rétablir le dialogue et trouver une solution politique globale, au-delà du seul dégel du corps électoral prévu par la réforme constitutionnelle.
Remettre sur les rails un processus de discussion
Au fond, quitte à reculer, Emmanuel Macron s’est convaincu qu’il avait intérêt à habiller ce recul en contre-attaquant, c’est-à-dire en se rendant sur place, en première ligne. Nul n’imagine que le Président annonce en arrivant à Nouméa qu’il convoquera bien le Congrès fin juin pour faire adopter la révision constitutionnelle. Il y aura au moins report, peut-être suspension, voire enterrement du texte. Mais au-delà, le chef de l’État doit remettre sur les rails un processus de discussion à plus long terme.
Ce voyage aura été utile, évidemment, si le calme revient durablement, et si l’état d’urgence est bel et bien levé lundi. Et si Emmanuel Macron disparaît de la photo aussi vite qu’il s’y est imposé. C’est-à-dire si le chef de l’État a la sagesse de se retirer en coulisses pour laisser œuvrer une mission de médiation neutre et consensuelle. C’est ce modèle, celui d’un pouvoir non partisan, arbitre, sachant déléguer à d’autres le soin de trouver une solution politique, qui avait accouché d’une paix durable il y a près de 40 ans. C’est sans doute ce modèle qu’Emmanuel Macron doit ressusciter s’il veut soigner les plaies ouvertes par sa réforme. En période de crise, les leçons du "vieux monde" s’avèrent parfois fort utiles.
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