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Édito
À l'Assemblée nationale, le groupe du Rassemblement national champion des manœuvres politiques
Le dernier piège en date a finalement été déjoué mercredi 7 décembre, non sans mal, par les insoumis. Une de leurs députés, Caroline Fiat, avait déposé une proposition de loi pour réintégrer à l’hôpital les quelques centaines de soignants non vaccinés contre le Covid. Ce texte n’avait pu être voté il y a deux semaines à cause de l’obstruction de la majorité, et le RN l’avait repris tel quel pour qu’il soit débattu lors de sa niche parlementaire. Caroline Fiat a d’abord donné son accord au motif qu’elle en demeurait seule rapporteure. Et puis, devant le tollé à gauche, chez les socialistes et les écologistes, le groupe LFI a retiré son texte pour ne pas être accusé de collusion avec l’extrême droite.
En réaction, le Rassemblement national a dénoncé le "sectarisme" et la "basse reddition politicienne" des insoumis. Cette colère est liée à la frustration d’être renvoyé à son isolement. Car depuis six mois, le RN cherche à briser le fameux "cordon sanitaire", pour se banaliser chaque jour un peu plus. Il vote parfois un texte du gouvernement, parfois un amendement de la gauche, une autre fois encore une motion de censure déposée par la Nupes. Et Marine Le Pen se régale ensuite du spectacle de ses adversaires qui se déchirent sur le mode : "C’est toi qui fait le jeu le de l’extrême droite, non c’est toi !"
Habileté tactique
Même si les ficelles sont un peu grosses, certains observateurs louent cette habileté. Pourtant, elle repose sur un vrai paradoxe. L’extrême droite est le courant politique le plus anti-parlementaire. De Jean-Marie à Marine Le Pen, ses dirigeants ont toujours dénoncé les manœuvres des députés de la "Ripoublique". Et une fois doté d’un groupe, le RN se montre le plus manœuvrier de tous. Il joue de toutes les ficelles du règlement, tous les ressorts procéduriers, multiple les combinaisons les plus machiavéliques pour semer le désordre. Jusqu’à vouloir céder une partie de son temps législatif à un parti qu’il exècre.
On se montre souvent impitoyable avec le cynisme tactique des formations républicaines, de droite comme de gauche. Mais à l’Assemblée, depuis six mois, en matière de cynisme, c’est bien le RN qui détient la palme.
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