Ils n'ont pas le même profil, mais tousont connu l'inconfort du bureau du juge. S'ils s'en sont parfois sortis, comme DominiqueStrauss-Kahn, ils ont connu l'opprobe de leurs pairs. Ces trois là ont connu la démission du gouvernementquand la justice s'est intéressée de près à eux. Ils ont alors fait figure depestiférés.Les ennemis se déchainent, les amis n'ensont plus, les propos acerbes sont définitifs. leur avenir est derrière eux.Eprouvé par ces épreuves judiciaires, et la férocité dumonde politique à son égard, Bernard Tapie s'est abstenu de revenir au premierplan politique. Dominique Strauss-Kahn est tenu àdistance par ses pairs, tout comme Jérôme Cahuzac. Leurs collègues s'opposent publiquementà leur retour sur la scène politique. Leur parole parait donc avoir perdu toutevaleur, ils n'ont plus voix au chapitre.Pourtant, hier, Dominique Strauss-Kahn, comme Jérôme Cahuzac, sesont comportés comme des experts, un peu donneurs de leçons, devant les parlementaires.Il s'agissait d'une coïncidence, maistous les deux comparaissaient devant des élus. Dominique Strauss-Kahn avait été appeléen consultation, par les sénateurs, en tant qu'ancien ministre et anciendirecteur du FMI, pour apporter son éclairage sur le rôle des banques dans l'évasionfiscale. Il y a deux ans, Dominique Strauss-Kahnétait vilipendé pour sa conduite, jugée immorale envers les femmes. Le monde politiques'indignait de l'omerta qui avait couvert ce scandale prévisible. Personne n'osaitle défendre. Dominique Strauss-Kahn était un homme disqualifié.24 mois plus tard, les sénateurs luioffrent une tribune respectable, pour dispenser sa leçon magistrale. L'ancien présidentiable ne s'en privepas. Il multiplie les coups de griffes. À François Hollande : " incriminerla finance ", c'est comme incriminer " l'industrie automibile quandon parle des morts sur la route ". A Nicolas Sarkozy , qui annonçait,avec beaucoup d'avance, la " mort " des paradis fiscaux. À Angela Merkel : qui " metla poussière sous le tapis ".Le brio strauss-khanien est tel, qu'unesénatrice se prend (anonymement) à regretter " cette compétence " età s'interroger sur un " éventuel compromis avec la rancune ". En un mot, il faudrait distinguer entrel'homme privé, et les compétences de l'homme public. Tout serait donc question de casquette.Et Jérôme Cahuzac lui, avait enfilé la casquette de l'expert luiaussi.Devant la commission d'enquête parlementaireà l'Assemblée, l'ancien ministre du budget n'a cessé de changer de couvre chef. La casquette de celui qui a démissionnédu gouvernement convenait pour répéterinlassablement qu'il avait menti à tous, jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Celle de celui qui avait menti imposaitle silence sur les raisons, et la persistance de ce long mensonge. La casquette de l'ancien président dela commission des finances qui corrigeait les imprécisions de ses ancienscollègues. Et puis enfin la casquette du mis enexamen, pour éluder toutes les questions sur le contenu du mensonge.Des casquettes multi-fonction, donc...Oui, parce que quand la casquette de lajustice en cours oblige Jérôme Cahuzac au silence, c'est tout l'inverse pour BernardTapie. Alors que les gardes à vue se multiplientautour de lui, non seulement l'ancien ministre parle, mais il écrit et publieun livre sous son nom. Lequel sort en librairie alors que sonauteur est encore placé en garde à vue. En politique, les casquettes paraissentdonc à usage variable. Elles imposent le silence ou l'inverse. Elles permettent à des hommes jugésinfréquentables hier, d'être appelés en tant qu'experts par leurs anciens accusateurs. L'ensemble donne le sentiment depratiques assez incohérentes, différentes en tout cas de celle qui régissent lavie des citoyens.De quoi alimenter la défiance de l'opinion.