Crise des carburants : la gauche en embuscade
La CGT veut élargir le mouvement de grève des raffineries à d’autres secteurs. Sur le plan politique, l’opposition de gauche espère tirer profit de ce climat.
Jean-Luc Mélenchon, qui est à l’origine de la "Marche contre la vie chère", prévue dimanche 16 octobre avec le reste de la Nupes, ne s’en cache pas : le leader insoumis espère bien récolter dans la rue les fruits de ce mécontentement envers le gouvernement. Les mots d’ordre de la manifestation ont d’ailleurs évolué : il ne s’agit plus seulement de défendre le pouvoir d’achat, mais aussi les services publics ou encore de réclamer une taxe sur les profits exceptionnels des grands groupes.
Mais la CGT n’appelle pas à la manifestation de dimanche. Le syndicat se méfie toujours autant de l’activisme des Insoumis, et Philippe Martinez de la boulimie de Jean-Luc Mélenchon. Il lui reproche parfois de mélanger les genres et de déguiser son militantisme partisan sous des atours syndicaux. Bref, leurs relations ne sont pas au beau fixe. D’ailleurs quand Philippe Martinez évoque sa volonté d’étendre les mouvements de grève dans d’autres secteurs, comme les centrales ou la RATP, ou à l’occasion d’une journée de grève interprofessionnelle, il dit vouloir "généraliser la grève", ce qui n’est pas appeler à la "grève générale".
Surenchère radicale
Les politiques n’ont pas la même prudence : la députée écologiste Sandrine Rousseau rêvait mercredi 12 octobre d’une "grève générale" et sa collègue insoumise, Clémentine Autain, clamait jeudi : "L’heure du bras de fer avec le gouvernement est arrivée !" Un indice de plus qu’au sein de la Nupes, ce sont les plus radicaux qui mènent la danse.
Pour Jean-Luc Mélenchon, la manifestation de dimanche est donc un test important, surtout à un moment où son leadership à gauche a été ébranlé par son soutien répété à Adrien Quatennens. Le leader insoumis espère resserrer les rangs de la Nupes autour de lui. Emporté par son élan révolutionnaire, il a même assimilé cette marche à celle qui avait ramené Louis XVI et Marie-Antoinette de Versailles à Paris en octobre 1789. Le souci, c’est qu’il a déjà fait le coup. À l’automne 2017, Jean-Luc Mélenchon pronostiquait une "déferlante anti-Macron" dans la rue. L’année suivante, une "marée populaire". En 2019, encore un "raz-de-marée"... À chaque fois, la vague s’est faite vaguelette et la marée a vite reflué.
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