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Avant le choc de confiance, le choc de crédibilité devient impératif

Le démenti de Vincent Peillon ne convainc pas les syndicats enseignants. Ils redoutent un blocage de leur avancement. Hier, c'est la ministre de la Justice dont le démenti ne calmait pas la grogne des magistrats. La parole politique a perdu toute crédibilité. 
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Presque
chaque jour de la semaine a été marqué par un épisode de ce genre. Lundi, c'est
l'opposition qui dénonce la volonté du gouvernement de réintroduire la PMA et
la GPA dans la loi famille. Le démenti
de Matignon n'y fait rien. Seuls les
socialistes y croient, suffisamment pour tenter d'infléchir la position du Premier
ministre sur la PMA. Ce qui
rajoute à la confusion et affaiblit la crédibilité de la parole de l'exécutif.

Nouvel épisode avec Christiane Taubira.

Son cabinet a reçu un magistrat pour
l'inviter à accepter une promotion qu'il considère comme un cadeau empoisonné
lié à son penchant supposé pour la droite. La ministre
dément, s'efforce de banaliser la portée de ce rendez-vous. La polémique n'en
n'est pas moins violente, l'UMP parle de scandale d'Etat.

Nouvel épisode avec Vincent Peillon.

Lors d'un
déjeuner de presse, le ministre de l'Éducation évoque le gel de l'avancement
des fonctionnaires, parmi les pistes du gouvernement. L'hypothèse
devient aussitôt un chiffon rouge agité sous le nez des enseignants. Lesquels
protestent. Malgré les dénégations du ministre de l'éducation pour lequel les
profs ne méritent pas de porter des efforts de cette nature.

Conséquences de ces différents épisodes, la
parole politique perd sa crédibilité ?

Et tout le
pouvoir exécutif est en train de perdre cette crédibilité. La cote de
confiance de François Hollande est au plus bas. Le pacte de
responsabilité grignote son noyau dur à gauche, sans pour autant susciter
l'adhésion formelle des sympathisants de droite, pour lesquels ce président
manque d'autorité. Est-ce du au
style de présidence choisi par  François
Hollande ? Oui, il
s'essaye à un nouveau style de présidence. Moins directive que celle de ses
prédécesseurs, en prétendant jouer la transparence. Or François
Hollande se heurte à deux écueils. La
transparence expose aux coups bas, de l'opposition et de son propre camp. L'opposition
s'oppose, c'est sa nature. Son but, c'est de reprendre le pouvoir. Cela passe
par l'affaiblissement de celui qui l'occupe. La posture a sa logique. La plus
grosse difficulté pour le couple éxécutif, Hollande – Ayrault, c'est qu'à
l'intérieur de la majorité, du fait du manque de domination de François
Hollande, beaucoup de socialistes pensent pouvoir pousser le Premier ministre
vers la sortie et prendre sa place. D'où des manœuvres, des rumeurs, des
ballons d'essai, des provocations, des démentis et de la confusion. François
Hollande est à la recherche d'un choc de confiance économique, mais avant de
l'obtenir, il ne serait pas inutile de créer un choc de crédibilité purement politique.  

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