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50 ans après, le Rassemblement national reste plus que jamais fidèle au Front national

Le Front National a été fondé il y a 50 ans et son successeur, le Rassemblement national, fête aujourd’hui discrètement cet anniversaire… L'édito politique de Renaud Dély.

Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen sur le plateau de France 2, pour l'émission "Elysée 2022", le 3 mars 2022. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Drôle d'anniversaire de 50 ans. Pas de gâteau, pas de bougie, juste un colloque en petit comité à l’Assemblée et sans le fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, pas même invité par sa fille. L’extrême droite est souvent fâchée avec l’Histoire. Là, Marine Le Pen fait mine d’être fâchée avec sa propre histoire. Celle d’un mouvement fondé par trois branches de l’extrême droite: un noyau d’anciens collabos rescapés de la seconde guerre mondiale, François Brigneau, Pierre Bousquet, Victor Barthélémy et bien d’autres ; d’ex-militants de l’Algérie française, engagés dans l’organisation terroriste OAS, comme Roger Holeindre ou Pierre Sergent, et un mouvement de jeunes militants néo-fascistes, Ordre Nouveau. Ce conglomérat a porté l’ex-député poujadiste Jean-Marie Le Pen à sa tête et il y est resté pendant 39 ans.

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Marine Le Pen assure avoir rompu avec le FN de son père… Et c’est faux ! Certes, elle n’a pas reproduit les saillies antisémites et négationnistes qui ont valu plusieurs condamnations à son père. Le RN prétend même annexer la figure du général De Gaulle que l’extrême droite a souvent tenté d’assassiner. Et sur le plan économique et social, le FN-RN a été tout et son contraire : libéral puis protectionniste, contre puis pour l’euro. Mais sur le fond, le projet est le même. Il y a 50 ans, le FN alertait sur "le péril majeur de la décadence" et fustigeait le danger de l’immigration, "une invasion pacifique qui change la nature du peuple français". Aujourd’hui, le RN brasse les mêmes obsessions identitaires, et prône toujours la "préférence nationale", rebaptisée "priorité nationale", ce principe discriminatoire anticonstitutionnel qui vise à réserver emplois, logements et aides sociales aux Français. L’étranger reste coupable de tous des maux du pays.

Dans les années 1980, les affiches du FN clamaient 1, 2 puis 3 millions de chômeurs, c’est "3 millions d’immigrés en trop !". Quand l’emploi repart à la hausse, comme en ce moment, l’immigré est coupable d’une "insécurité incontrôlable" ! Et il menace toujours d’imposer son mode de vie. En 1987, Jean-Marie Le Pen pronostiquait : "Dans 20 ans, la France sera une République islamique !". Bon, comme il s’est trompé, sa fille reprend la même prophétie et se contente de repousser l’échéance…



Le RN reste donc fidèle au FN. Et passé les artifices de com’, Marine Le Pen ne renie rien, ni du programme, ni de ceux qui l’ont porté. Mercredi, elle a pris soin, dans un tweet, de "rendre hommage à tous les militants qui, depuis 50 ans, ont œuvré pour la cause", tous sans exception, anciens collabos et ex-terroristes de l’OAS compris.

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