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PSA et Renault : des négociations pour sauver quoi ?

Aujourd'hui, journée très "chaude", socialement, pour Peugeot et Renault. Avec les ultimes négociations entre les directions des groupes, et les partenaires sociaux.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Journée cruciale de discussions pour PSA et pour Renault, même si la nature des négociations qui vont se dérouler est très différente, entre les deux constructeurs.
Pour PSA, il s'agit de finaliser les conditions d'accompagnement, de départ, ou de mobilité interne pour les employés concernés par les  8.000 suppressions de postes.
Pour Renault, la direction attend au contraire un accord global.
Accord de "compétitivité" qui englobe 7 500 suppressions de postes, mais aussi le quasi-gel des salaires pendant 3 ans, l'augmentation du temps de travail, et le déplacement de salariés d'une usine à une autre.

PSA va fermer une usine, Renault... non

PSA va fermer l'usine d'Aulnay, alors que Renault n'annonce aucune fermeture d'usine. Ce sont deux approches différentes.
Cette usine d'Aulnay, objectivement mal placée, tout près de Paris, va fermer à la suite de la baisse des ventes de Peugeot-Citroën, l'an dernier : baisse de 16 et demi %.
Le choix de PSA a été de ralentir volontairement l'activité d'Aulnay, en essayant de soutenir celle des autres usines du groupe.
Les autres usines de PSA continuent à avoir des niveaux d'activité convenables à part celles de Rennes, qui fabrique des modèles qui souffrent beaucoup de la crise en Europe.

Chez Renault, difficultés plus globales

Du côté de Renault, le mal est beaucoup plus global, avec des conséquences plus diffuses  plus réparties, entre toutes les usines de la marque.
Conséquence de la politique de Renault, qui a beaucoup favorisé les délocalisations deux fois plus importantes que chez PSA , et d'une stratégie qui n'a pas privilégié le maintien de l'activité et de l'emploi dans les usines françaises.
Aujourd'hui, nous en sommes arrivés à un point préoccupant des niveaux de production, dans les usines françaises de Renault.

Des usines Renault qui tournent toutes au ralenti

En 2012, l'activité des usines automobiles de Renault, en France, est tombée, en moyenne, à 46%! Avec même le plus bas niveau en Europe, dans l'usine de Sandouville : 29% d'utilisation des capacités.
C'est alarmant ! Surtout quand on sait qu'une usine, pour être rentable, doit tourner, au minimum, à 75% de son potentiel.
C'est une situation qui a empiré, progressivement, depuis des années. Et qui, étant extrêmement grave, met aujourd'hui la direction de Renault dans une position de force, pour défendre cet accord de compétitivité, tellement l'activité dans les usines françaises de la marque est basse.

Faire repartir l'activité des usines Renault, en France...

La direction de Renault parle de fabriquer 80 000 Nissan, l'allié japonais, dans les usines françaises de Renault.
Une décision que saluent les personnels et les syndicats de la marque. Alors que c'est la politique du "Cheval de Troie" : elle consiste à faire pénétrer le concurrent dans le territoire qu'il vaut conquérir.
Une option qui semble salvatrice, aujourd'hui, étant donné le niveau d'abandon d'activité dans les usines Renault.
Mais qui aurait fait bondir n'importe quel observateur d'il y a 10 ans, soucieux de maintenir et à long terme une activité de production française, dans les usines automobiles des marques françaises.
Et sans faire entrer de concurrent japonais sur place. !
Ces 80 000 Nissan construites en France vont prendre la place de 80 000 "ex"-Renault, qui y étaient encore fabriquées, il y a 2-3 ans.

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