Une méthode Assimil en... occitan
Cela peut paraître désuet, décalé, pour ne pas dire ringard. Et pourtant, cela correspond à une tendance de fond. Les Editions Assimil viennent de publier une méthode pour apprendre l’occitan, dans ses différentes variantes. Un ouvrage qui remplace une ancienne version datant des années 1970 et qui s’ajoute aux méthodes consacrées au breton, à l’alsacien, au corse, au basque et au catalan. Sans oublier de multiples guides de conversations pour les créoles, le provençal ou le chti.
D’après les éditions Assimil, toutes ces publications sont rentables. Il existe donc un public pour ces langues, dont beaucoup pensent souvent qu’elles ne servent à rien. En réalité, si ces langues sont privées d’un statut qui les rendraient utiles dans le monde du travail, elles ont d’autres atouts.
Alors que la France les a longtemps combattues, l’Etat, désormais, les soutient. On est encore loin de ce qu’il se pratique en Espagne, en Italie ou en Suisse, mais enfin, elles sont inscrites dans la Constitution, elles sont enseignées dans les écoles, elles sont promues dans les festivals. Il est d’ailleurs symptomatique que la méthode Assimil en occitan ait été soutenue financièrement par le ministère de la culture. Décision logique, au demeurant. Les langues d’oc sont depuis près de 1000 ans des langues de culture prestigieuses : que l’on songe aux troubadours ou au prix Nobel de littérature Frédéric Mistral.
Beaucoup de Français ont eu pour langue maternelle le breton, l’alsacien ou l’auvergnat. Beaucoup d’autres ont entendu leurs parents ou leur famille s’exprimer en gascon ou en corse. Tous ceux-là tiennent à les faire vivre.
Les langues régionales répondent enfin à un besoin d’intégration
Cela surprend, mais, souvent, ce sont des parents installés dans une région dont ils ne sont pas originaires qui inscrivent leurs enfants dans des écoles où l’enseignement a lieu totalement en breton, en corse ou en basque. Comme cette ingénieure d’origine parisienne qui demeure aujourd’hui à Bayonne et qui emmène ses enfants à l’ikastola. "Moi, je ne suis pas vraiment d'ici, explique-t-elle, mais mes enfants, eux, le sont. Cette région est la leur. Je veux qu’ils s’y sentent bien ". Et qu'on ne lui dise pas qu'elle fait courir des risques scolaires à sa progéniture. Toutes les études montrent que l'acquisition précoce d'une seconde langue stimule le cerveau et facilite les apprentissages.
Cette attitude correspond à une phénomène dont j’ai déjà parlé dans cette chronique et que les sociologues nomment le "glo-cal". "Glo" pour globalisation, "cal" pour local. L’idée est simple : dans une économie mondialisée, nous éprouvons à la fois le besoin d’être relié au reste de la planète, et celui d’être ancré quelque part, inséré dans une société où l’on connaît les gens et où l’on partage un sentiment d’appartenance.
Dans ces conditions, les langues régionales constituent évidemment un vecteur formidable. Et la parution d’une méthode Assimil en occitan est beaucoup moins anachronique qu’il n’y paraît.
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