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Grandes régions, petites économies

Le conseil des ministres va adopter mercredi 18 juin la nouvelle et déjà célèbre carte des régions. Doit-on vraiment attendre des économies de cette réforme ? Rien n'est moins sûr.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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C’est l’argument qui a fait mouche auprès des Français : la réforme du millefeuille territorial va entraîner une dizaine de milliards d’euros d’économies, promet le gouvernement. Le seul problème est qu’en réalité, personne n’en sait rien. Voici pourquoi.

 

La seule chose à peu près certaine, c’est que le passage de 22 à 14 régions, à lui seul, n’aura à peu près aucun effet dans ce domaine.  Il y aura certes un peu moins d’élus, mais cela ne pèse rien : environ 40 millions d’euros, soit moins d’un euro par Français. Franchement, on est dans le symbole.

Plus sérieuses sont les économies à attendre sur les achats de matériel : la nouvelle Grande Normandie, par exemple, devrait payer moins cher ses TER,  puisque les prix baissent quand les volumes augmentent. Mais cela n’ira pas bien loin d’autant que, dans un premier temps, la création de grandes régions va entraîner une hausse des coûts de fonctionnement ! Il va en effet falloir harmoniser les indemnités des personnels, par exemple, et, naturellement, cette harmonisation va se faire par le haut.

Et puis, qu’il y ait 14 ou 22 régions, il faudra toujours assurer les services que rendent les Conseils régionaux : faire circuler les TER, je le disais, construire les lycées, assurer la formation professionnelle. Trois compétences qui absorbent 90 % des dépenses et qui seront maintenues, sauf à dégrader la qualité du service public.

Bref, si la fusion des régions est le volet le plus spectaculaire de la réforme territoriale, elle est tout à fait secondaire si l’on en attend des économies. En revanche, voici TROIS pistes plus sérieuses :

Premièrement, la réforme des intercommunalités, qui devraient passer de 5000 à 20 000 habitants. Un seuil qui permettra de réduire les doublons entre les communes et ces nouvelles structures. C’est là que la Cour des comptes a pointé le plus de dérives.

Deuxièmement, la fin de la clause générale de compétences. Un dispositif qui permet aujourd’hui  aux élus d’intervenir dans tous les domaines. Avec, à la clé, des fonctionnaires en plus et des décisions ralenties.

Troisièmement, la suppression des conseils départementaux, avec transfert de leurs compétences aux intercommunalités et aux régions. Logiquement, cela devrait permettre des économies d’échelle. Prenons l’exemple de l’Education. Il  y aujourd’hui une direction des lycées à la région Aquitaine et une direction des collèges dans chacun des 5 départements qui la composent. Ce qui en fait six en tout. Demain, si les régions récupèrent la gestion des collèges, il n’y en aura plus qu’une direction des collèges et des lycées. Ou alors c’est à désespérer.

 

Bien malin, cependant, qui peut chiffrer aujourd’hui avec précision ces différentes économies, qui restent en grande partie hypothétiques...

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