Latifa Laâbissi, chorégraphe du réel
Latifa Laâbissi est née et a grandi dans une cité en banlieue de Grenoble, entourée par une fratrie de 11 enfants. Son père a quitté le Maroc pour répondre à l’appel de la main-d’œuvre française au début des années soixante. "Mon père était jardinier au Maroc, il est venu en France pour devenir ouvrier métallurgiste. Il était aussi le concierge de l’usine. Notre maison était attenante à l’usine. Nous vivions au rythme des machines, il y avait comme une cadence, une ritournelle que j’ai gardée en tête et qui revient dans mes spectacles aujourd’hui ."
Latifa Laâbissi interroge les stéréotypes qui habitent notre société et notre quotidien.
Adolescente, Latifa découvre la danse grâce à une association qui organise des ateliers dans son quartier. Très vite, les cours de danse ne lui suffisent plus. Le hobby vire à l’obsession. "Je ne savais même pas qu’on pouvait en faire un métier. J’avais 16 ans et des musiciens classiques professionnels qui me disaient : "Tu peux faire de la danse professionnellement ! Je tombais des nues ".
A 17 ans, elle quitte sa famille, décide de vivre seule et de s’inscrire à une école de danse professionnelle. "J’ai travaillé pour subvenir à mes besoins. A l’époque, je faisais des ménages au centre de recherche nucléaire de Grenoble. Il fallait que je puisse assister à mes cours à partir de 16h, donc je travaillais très tôt le matin. Je me rappelle qu’un bus venait nous chercher à 4h30 du matin pour que l’on soit à 7h sur le site. Je n’avais pas du tout la même vie que mes petites camarades. Mais je ne leur en parlais pas, car je le faisais sans état d’âme, j’avais besoin d’argent pour payer mon loyer, je ne m’encombrais pas de l’idée que c’était dur, je faisais ce que je voulais et cela n’avait aucun prix ."
Latifa découvre un spectacle du chorégraphe américain Merce Cunningham au théâtre de Grenoble. C’est la révélation !
Elle décide d’économiser pour aller à New York suivre les cours de son école de danse. Mais avant même que l’expérience américaine ne s’achève, la chance lui sourit. Depuis, Latifa Laabissi a fait du chemin, collaborant avec de grands chorégraphes français, elle signe une vingtaine de mises en scène, et en décembre 2008, elle crée l’association Figure Project.
Du 27 au 29 juin, elle organise la troisième édition de son festival Extension sauvage qui fait venir des spectacles de danse contemporaine en milieu rural dans les villes de Combourg et Bazouges- La-Pérouse où elle a élu domicile.
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