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Un micro-organisme impliqué dans la plus grande extinction massive d’espèces ?

Que s'est-il passé sur Terre il y a 252 millions d'années pour que la grande majorité des espèces vivantes disparaissent ? Dans une étude parue il y a quelques mois, des scientifiques américains proposent un nouveau scénario faisant intervenir des organismes microscopiques.
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C'est la plus grande extinction massive d'espèces que la Terre ait connu

Plus importante encore que celle survenue il y a 65 millions d'années au cours de laquelle les dinosaures ont disparu.

Il y a 252 millions d'années, 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres se sont éteintes en l'espace de 20.000 ans. Une véritable hécatombe. La Terre est devenue invivable pour les animaux et les végétaux qui s'y trouvaient. Selon une étude parue en 2012 les températures ont grimpé pour atteindre 50°C à 60°C dans les régions équatoriales.

Les scientifiques sont tous d'accord pour dire qu'à cette époque les conditions de vie sur la planète ont changé de façon spectaculaire mais ils ne s'accordent pas tous sur les causes de ces bouleversements.

Les différentes hypothèses avancées par les chercheurs

Certains envisagent un évènement catastrophique comme la chute d'une ou plusieurs météorites.

D'autres désignent comme principales coupables des éruptions volcaniques d'une ampleur considérable qui, à cette période, se sont produites au niveau de la Sibérie actuelle.

Les deux hypothèses ne sont d'ailleurs pas incompatibles. Les éruptions pourraient avoir été provoquées par la collision avec un astéroïde. Elles pourraient aussi s'expliquer par la configuration géologique particulière dans laquelle se trouvait notre planète à cette époque, tous les continents étant rassemblés en un seul supercontinent.

La cause

Les chercheurs sont sûrs que ces éruptions se sont produites. Ils sont certains que des éruptions gigantesques ont eu lieu au niveau des trapps de Sibérie à cette époque, et qu'elles ont envoyé dans l'atmosphère d'importantes quantités de dioxyde de carbone, le fameux CO2 dont on connait bien les propriétés de gaz à effet de serre.

Ces éruptions sont indéniablement une bonne piste mais dans un article qui vient de paraître dans la revue Pnas, des chercheurs du MIT ajoutent un nouvel acteur au scénario. Selon leur étude, l'activité volcanique ne suffit pas à elle seule pour expliquer l'importance des dépôts de carbone retrouvés dans les couches géologiques correspondant à cette période.

Une pièce manquante

Une pièce que les chercheurs pensent avoir trouvée. Selon eux, à cette époque est apparu un nouveau type d'organisme microscopique baptisé Méthanosarcina. Une étude génétique indique que cet organisme, constitué d'une seule cellule, a acquis à ce moment précis de son évolution des gènes lui permettant de produire du méthane. Un autre gaz a effet de serre qui contient lui aussi du carbone mais qui est 23 fois plus puissant que le CO2.  

Il faut dire que pour Méthanosarcina, les conditions étaient idéales puisqu'il se nourrissait en partie de nickel et que les volcans de Sibérie ont aussi relargué de très grandes quantités de nickel à la surface de la Terre. En témoignent, les importantes concentrations en nickel mesurées dans des sédiments datant de cette époque en Chine du Sud.

Une véritable enquête policière

C'est un peu l'originalité de cette étude qui allie à la fois des données géologiques : les concentrations en carbone et en nickel dans les sédiments, et une analyse phylogénétique qui consiste en quelque sorte à retracer l'arbre généalogique d'un micro-organisme. C'est cette approche qui a permis d'établir ce nouveau scénario selon lequel il y a 252 millions d'années une malheureuse coïncidence s'est produite : d'un côté l'émergence d'un micro-organisme et de l'autre les colossales éruptions volcaniques qui lui ont permis de prospérer.

C'est ce concours de circonstances qui serait à l'origine de l'emballement de l'effet de serre qu'à connu la Terre à cette période. Il faudra attendre plusieurs millions d'années pour que les températures redescendent et plus encore pour que la biodiversité se reconstruise avec de nouvelles espèces, jusqu'à la crise suivante.

Plusieurs grandes extinctions d'espèces

Au cours des 700 derniers millions d'années la biodiversité de la planète a traversé cinq grandes crises. Celle au cours de laquelle les dinosaures ont disparu est la plus récente. Cette dernière grande extinction est, elle aussi, liée à un volcanisme intense associé à la chute d'une météorite. Mais, là encore, la part de l'un et de l'autre de ces facteurs fait débat chez les scientifiques.

Quant à la prochaine crise, bon nombre de scientifiques prétendent que nous serions à l'aube d'une sixième extinction de masse. Ils observent un taux d'extinction d'espèces anormalement élevé. Mais cette fois pas de volcan, de météorite ou de micro-organisme à incriminer, il n'y a pas tellement de doute sur le responsable du déclin de la biodiversité actuelle.

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