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Le stérilet pour toutes

La crise des pilules de 3e et 4e génération est-elle en train de profiter au stérilet ? L'année dernière, les ventes de stérilets se sont envolées, plus 47% selon les derniers chiffres de l'agence nationale de sécurité du médicament. Serions-nous enfin entrés dans l'ère du stérilet pour toutes ou du moins pour toutes celles qui le veulent ? Le point avec Caroline Tourbe, journaliste pour le magazine Science et vie.
Article rédigé par franceinfo
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Depuis sa mise sur le marché dans les années 70, le stérilet a été presque exclusivement réservé aux femmes qui avaient déjà eu des enfants. Pour les autres, et surtout les jeunes, les médecins, qu'ils soient gynécologues ou pas, ont fait de la pilule le seul et pratiquement unique moyen de contraception. Ainsi, depuis au moins deux générations, les filles sans enfants ne se posent pas de question : elles ont la pilule. Moins de 1% d'entre elles se sont vu proposer un stérilet !

Depuis un an, les gynécologues français, sous la pression de leurs patientes, commencent à changer leurs habitudes et le stérilet est enfin reconnu à sa juste valeur ! Parce que oui, il est possible de proposer à une jeune femme sans enfant de se faire poser un stérilet. Proposer pas imposer évidemment ! C'est une petite révolution dans les cabinets médicaux. Un dogme est en train de tomber.

La crise de la pilule

Lorsque les premières plaintes pour les risques d'accidents vasculaires associés à ces pilules de 3e et 4e générations ont été déposées, la machine s'est emballée. Ces pilules font l'objet d'une prescription plus resserrée pour des patientes qui le souhaitent et qui n'ont pas de profils à risque. Aujourd'hui, les esprits semblent calmés et la vente des pilules classiques, celles de 2e génération, est reparti à la hausse. Mais, la confusion qui a régné pendant des mois a eu un effet révélateur inattendu : lorsque les femmes se sont intéressées aux modes de contraception alternatifs, elles ont comme redécouvert le stérilet !

Contrairement à ce que l'on pouvait entendre, il n'y a pas de contre-indication formelle chez les jeunes femmes. Tout semble se révéler aux yeux des femmes et même de nombreux gynécologues ; alors que la plupart des données étaient déjà disponibles depuis les années 90.

En 2004, la Haute autorité de santé l'avait d'ailleurs recommandé au même titre que la pilule mais la formulation de la recommandation laissait encore transparaître un certain embarras. Depuis sa mise sur le marché, le stérilet est victime d'idées reçus très tenaces.

Idées reçues

On pensait que ce petit dispositif déposé dans l'utérus augmentait les risques d'infections et donc indirectement les risques de stérilité. C'est totalement faux. Aucune étude n'a jamais démontré ce lien.

La peur d'avoir une mauvaise tolérance, une gêne, un inconfort, chez les femmes dont le corps n'aurait pas encore porté d'enfants. Là, encore, c'est faux et une étude publiée en mai 2013 a même définitivement clos le débat : la comparaison entre des groupes de femmes bénéficiant d'un stérilet sans être mère et les autres n'a montré aucune différence de tolérance.

Les difficultés rencontrées au moment de poser le dispositif. Des discussions avec les spécialistes montrent que le geste, qui dure quelques minutes tout au plus, n'est pas plus complexe et que les sensations désagréables peuvent être limités par la prise d'antidouleurs un peu avant le rendez-vous.

Il faut reconnaître que des réticences existent encore chez les toutes jeunes filles jusqu'à 18-20 ans. Mais au-delà, il n'y a aucune raison de ne pas le proposer systématiquement !

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