La classification de l'air ambiant dans la famille des cancérogènes
Pour l'air ambiant, comme pour les émanations des moteurs
diesels, classés "cancérogènes" en juin 2012, ou encore pour les
ondes électromagnétiques des téléphones portables classé "peut-être
cancérogène" en 2011, on retrouve toujours le même organisme
officiel : le Centre international de recherche sur le cancer ou CIRC. Cet
organisme est chargé très officiellement par l'OMS (l'organisation mondiale de
la santé) de dresser la longue liste de toutes les substances ou technologies à
risque.
La liste
Régulièrement, l'institut procède à des mises à jour des
données sur les risques de cancérisation. Si des résultats inquiétants
s'accumulent autour d'une substance ou d'une technologie, alors l'institut
mandate des experts pour analyser les études épidémiologiques disponibles, qui
comparent, par exemple, la fréquence des cas de cancers dans deux groupes
d'individus, exposés et non exposés à la substance soupçonnées. Ils vont
également se baser sur des études expérimentales sur l'animal et enfin sur des
expérimentations in vitro sur les cellules en culture.
A l'aide de ces trois grands types d'études (homme, animal
et cellules) les experts vont émettre un nouvel avis : un agent peut ainsi
se retrouver pour la première dans le classement officiel des cancérogènes ou
se voir changer de place dans le classement.
Cinq groupes
Le groupe 1 réunis les agents "cancérogènes pour
l'homme" : c'est le cas de l'alcool, du tabac ou du benzène, de
l'air ambiant depuis la semaine dernière et de plus d'une centaine d'autres au
total.
Le groupe 2A est celui des agents qui sont "probablement
cancérogène pour l'homme" comme le fait de travailler dans un salon de
coiffure, consommer de l'huile de friture...
Un cran au-dessous, on trouve le groupe 2B : celui des téléphones
portables et de plus de 270 autres agents "peut-être cancérogènes pour
l'homme".
Le numéro 3 est aussi le plus fourni : c'est celui des INCLASSABLES :
plus de cinq cents produits déjà examinés, comme le thé ou le café, le
paracétamol... mais pour lesquels les experts n'ont pas réussi à se prononcer.
Le tout dernier groupe correspond à un club très fermé, celui
des agents qui "ne sont probablement pas cancérogènes pour
l'homme". C'est simple, il ne compte à l'heure actuelle qu'un seul
membre : le Caprolactane, une substance utilisée dans la synthèse du
nylon.
Le passage d'un groupe vers un autre
Le changement de groupe se fait sur la solidité des preuves et
leur nature. Dans le cas des émanations de diesel ou de l'air ambiant, leur
arrivée dans le groupe numéro un n'a pas surpris les cancérologues. Déjà en
1988, le diesel avait été classé dans le groupe 2A celui des "probablement cancérogènes" ce
qui signifiait que les études sur les cellules et sur les animaux apportées des
preuves solides, mais que celles sur l'homme étaient encore insuffisante.
En plus de 20 ans, les preuves sur l'homme se sont
accumulées et lorsque les experts se sont réunis en 2012, le doute n'était plus
permis : le risque de cancer du poumon est environ trois fois plus important
chez les sujets exposés. Le caractère cancérigène du diesel était, selon les
experts, suffisamment démontré chez l'homme dès les années 90.
La valeur réglementaire
Ces recommandations n'ont absolument aucune valeur
réglementaire. C'est aux autorités nationales de légiférer et c'est pour cela,
que l'on aura ce mercredi et jeudi de très officielles Assises sur la Qualité
de l'Air, organisées pour un gouvernement et un pays, la France, qui continue de
manières éhontée à soutenir massivement l'industrie du diesel, pourtant
clairement épinglée par les experts de l'OMS.
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