Du nouveau dans les traitements contre la tuberculose
C'est le premier médicament autorisé, pour l'instant aux Etats-Unis et depuis quelques jours en Europe, mais déjà, en parallèle, un autre nouvel antituberculeux, le délamanide est également en voie de commercialisation en Europe.
En Suisse, la prestigieuse Ecole polytechnique de Lausanne a annoncé la création d'une fondation pour lancer un antituberculeux tout juste mis au point dans ses laboratoires.
Dans les années 80, on pensait en finir avec la tuberculose, mais c'était sans compter sur l'arrivée du Sida, qui en affaiblissant le système immunitaire a ouvert un boulevard pour le bacille. D'où une terrible, et inattendue, recrudescence de la tuberculose à la fin du XXe siècle.
En 2012, la tuberculose a touchée près de neuf millions de personnes à l'échelle mondiale et 1.300.000 en meurent chaque année.
Des traitements moins efficaces
Ce qui inquiète particulièrement les médecins, c'est l'augmentation des cas de résistance aux traitements. Il n'y a déjà pas beaucoup de traitements disponibles alors si en plus ils perdent de leur efficacité, cela ne facilite pas les choses.
Les traitements sont trop ou mal utilisés. Le traitement classique de la tuberculose est long, et nécessite de prendre ses antibiotiques régulièrement. C'est loin d'être évident dans de nombreux pays et ce mésusage des antibiotiques provoquent l'apparition de résistance chez les patients traités. On constate aussi que certaines personnes sont infectées dès le début par un bacille résistant.
Depuis 2006, les médecins s'inquiètent de l'apparition de formes ultrarésistantes, qui répondent à un nombre encore plus restreint de médicaments. Actuellement, le nombre de cas est estimé à cinquante mille dans le monde, avec 80 pays concernés, dont la France. Tous ces patients "multi ou ultra" résistants n'ont qu'une seule solution : avoir recours à des traitements très longs, deux ans minimum, et qui provoquent des effets secondaires souvent très lourds.
Les nouveaux traitements
Les nouveaux médicaments sont donc particulièrement attendus. La bédaquinine faisait partie d'un groupe de dizaine de milliers de molécules, mises au point par le laboratoire Jansen, puis classées et oubliées (sans les étudier, comme cela arrive souvent dans les gros laboratoires). Par chance le laboratoire a décidé de toutes les réexaminer et la bédaquiline s'est révélée efficace pour détruire les bacilles de koch multi-résistants.
Son mode d'action est tout à fait inédit : alors que la plupart des antibiotiques s'attaquent plutôt à la paroi des bactéries, la nouvelle molécule neutralise la production d'énergie du bacille tuberculeux !
Pour les formes multirésistantes, le traitement avec la bédaquinine dure six mois en association avec d'autres antituberculeux et cela permet de guérir un peu plus de 50 % des malades.
Il faut néanmoins souligner que si ses nouvelles molécules sont un espoir indéniable, elles ne vont pas changer radicalement la donne. La longueur, le prix et l'accès à ces traitements restent des problèmes épineux.
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