Bébés secoués : comment prévenir le pire
C'est souvent la même histoire. Le nourrisson n'arrête pas
de pleurer, l'adulte qui s'occupe de lui est à bout de nerfs et soudain il
craque : il empoigne le bébé et le secoue pour le faire taire. Cet adulte vient
de commettre un acte d'une violence et d'une gravité extrêmes, passible de 30
ans de prison. Un colloque vient d'être organisé au ministère de la Santé sur
ce sujet, afin de sensibiliser les professionnels de santé mais aussi les
parents sur ces drames.
Ces bébés ont en général entre 0 et 1 an, dans plus de la
moitié des cas moins de six mois. Ils sont donc très vulnérables, à la merci de
l'adulte qui est censé prendre soin d'eux. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), le
syndrome du bébé secoué entraîne la mort dans 10 à 40 % des cas.
Les idées reçues
Les idées fausses ne manquent pas : non, lancer un bébé
en l'air pour jouer avec lui ou pour faire l'avion ne provoque pas les lésions
du secouement. Cela n'a rien à voir.
Un bébé secoué n'est pas celui qui est tombé de la table à
langer. Evidemment, ce n'est pas bien de laisser le bébé tomber de la
table à langer, mais ce genre d'accident ne provoque pas les mêmes dégâts.
Contrairement à ce que l'on a cru dans le passé, le
secouement ne survient pas qu'une fois. La plupart du temps, il s'agit d'un
geste répété.
Les lésions
Le secouement va entraîner un traumatisme crânien. La tête d'un bébé -qui est secoué- prend des positions
extrêmes, elle va dans tous les sens d'autant plus que le nourrisson a une
grosse tête et que la tenue de celle-ci n'est pas encore acquise. Du coup, les
veines qu'on appelle les veines "pont" –celles qui vont du cerveau
au crâne- peuvent s'étirer et se rompre. Il peut alors se créer un saignement
entre le cerveau et la dure-mère (qui est l'enveloppe qui entoure et protège le
cerveau). Ce saignement, c'est un hématome sous-dural. C'est la lésion type,
commune aux bébés secoués.
Le scanner permet de visualiser cette lésion, et va apporter
la preuve du secouement. C'est un examen important d'autant plus que le diagnostic
n'est pas toujours facile à faire. Parfois le bébé qui arrive aux urgences
présente un malaise très brutal, cardiaque ou respiratoire. Mais parfois les
symptômes sont moins sévères : l'enfant vomit, pleure, refuse de
s'alimenter... La HAS -qui a publié des recommandations en 2011- demande de "penser systématiquement au diagnostic de secouement en cas de
traumatisme crânien, de symptômes neurologiques, ou de changement inexpliqué du
comportement du bébé. "
Les conséquences
Les lésions cérébrales font le lit du handicap : retard
mental, hémiplégie, cécité etc. Certains enfants deviendront polyhandicapés et d'autres
semblent épargnés mais ils vont souffrir en réalité de troubles de la
concentration, d'agitation, ou même de crises d'épilepsie...
Eviter les récidives
Que le secouement soit certain ou seulement probable, les
médecins doivent faire un signalement à la justice pour que celle-ci tente
de savoir ce qui s'est passé, pour qu'elle protège le nourrisson et mette en
place des mesures pour aider l'adulte à ne pas recommencer. Lorsque le
secouement n'a pas été diagnostiqué, et que l'enfant n'a pas été protégé, le
taux de récidive est de 50%. Il faut donc prévenir ce risque très important.
Pour en savoir plus sur les aspects médicaux et juridiques :
www.syndromedubebesecoue.com
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