Télévision : pourquoi France 3 abandonne ses JT nationaux
Érik Berg, directeur de l'information des régions pour France 3 défend les changements de cap de France 3. "Il y avait besoin d'une offre de clarification de l'information sur France Télévisions", dit-il alors que de nouveaux rendez-vous Ici 12/13 et Ici 19/20 ont été créés, lundi 4 septembre, en remplacement des célèbres 12/13 et le 19/20. Principal changement, l’information nationale disparaît au profit de l’information locale. Un processus qui prend du temps, explique Érik Berg.
franceinfo : Les éditions 12/13 et le 19/20, c'est fini. Vous mettez fin à une institution après 37 ans d'existence pour ces éditions nationales qui marchaient extrêmement bien. À la place, les téléspectateurs ont découvert Ici 12/13 et Ici 19/20, des journaux régionaux, différents dans chacune des 24 antennes du réseau France 3. Les syndicats sont vent debout. Pourquoi n'y a-t-il plus de rendez-vous d'info nationale sur France 3 ?
Érik Berg : Il n'y a plus de rendez-vous national sur France 3 pour mieux prendre en compte aussi les demandes qu'on avait régulièrement des citoyens, des téléspectateurs, des téléspectatrices qui souhaitaient de plus en plus être informés en proximité. Il y avait également besoin d'une offre de clarification de l'information sur France Télévisions - c'est ce qu'a souhaité la présidente, Delphine Ernotte - avec France 3 qui est d'abord la chaîne des régions, d'abord le prisme de l'information vue à travers les régions. franceinfo , sur le canal 27, c'est l'information, le récit d'une information en continu, en temps réel et puis France 2, c'est évidemment plus l'information nationale et internationale qui a là toute sa place.
Que se passera-t-il en cas d'événement majeur national ? Le régional prendra quand même la main ?
Alors il y a plusieurs scénarii possibles. On a travaillé à toutes les hypothèses. Cela dépendra de l'heure, de l'endroit où ça se passe. Mais oui, ça peut être tout à fait régional. Imaginons des grandes catastrophes, des incendies majeurs en Aquitaine, des inondations dans l'ouest de la France, imaginons toutes ces informations évolutives, effectivement, la priorité sera donnée à la région dans laquelle se produit l'événement.
Pour vos débuts, il y a eu une grève à l'appel des syndicats, notamment du SNJ, le Syndicat national des journalistes, une grève lundi et mardi. C'était la troisième en un an contre ce projet. Où en est le dialogue social à France Télévisions ?
Cela fait un an que les équipes travaillent pour ce changement de prisme.
"Le dialogue social à France 3 n'est pas rompu."
Érik Berg, directeur de l'information des régions pour France 3à franceinfo
Les syndicats ne semblent pas rassurés ?
Alors pas tous. C'est une grève qui a comptabilisé 14 % de grévistes lundi, 7% mardi. Il y a quand même un certain nombre de personnels qui se sentent concernés, impliqué par ce projet et qui a envie de le voir changer. Je pense que c'est moins sur le plan éditorial, les choses se sont bien passées. Ce n'est pas facile de lâcher un journal. Ce sont des hommes. Quand on a longtemps fait partie d'une édition nationale, de voir disparaître ce qui vous a fait, vous a constitué, ce n'est jamais simple. On est sur de la matière vivante. J'ai donc un grand respect pour eux.
Y a-t-il les moyens suffisants pour produire ces 48 éditions ?
Oui, on a fait en sorte effectivement qu'il y ait des renforts en région. Ils sont tous là. Alors après, il y a des CDD pour ceux qui n'ont pas encore trouvé la ressource, mais en tout cas tous les postes prévus sont là. Sur le plan éditorial, je pense qu'aujourd'hui, ce projet-là est compris.
Il y a 31 matinales communes entre France 3 et France Bleu et dans une interview au Monde mardi, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, a dit qu'en gros, elle était pour une fusion entre France 3 et France Bleu. Vous le confirmez ? Vous travaillez là-dessus ?
Je ne suis pas Delphine Ernotte. C'est ma présidente. Je suis responsable de l'information des régions, mais elle n'a jamais été ambiguë. Delphine Ernotte a toujours souhaité un rapprochement des services publics entre les maisons de Radio France et de France Télévisions sur les matinales communes. Chaque fois qu'il y a eu une volonté de travailler ensemble, je me rappelle quand j'étais directeur dans le Nord, on a pu travailler ensemble parce qu'on est plus forts ensemble avec les équipes de France Bleu sur les grands phénomènes comme la braderie, l'Enduro du Touquet, etc. Elle a toujours souhaité que les services publics soient plus forts et travaillent mieux ensemble.
"Travailler ensemble", pour faire des économies ?
Il y a toujours les deux choses. On voit toujours les économies ! On est quand même beaucoup plus fort. Aujourd'hui, vous avez un paysage audiovisuel qui change considérablement. Quand vous êtes dans le Nord, vous avez des journaux de la PQR qui ont installé leur propre télé audiovisuelle. Vous avez BFM qui vient de s'installer dans beaucoup de régions de France. Vous avez un paysage qui change. Donc quand vous voulez participer à des grands événements, quand vous voulez être plus forts, vous avez intérêt à vous associer.
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