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Serge Dassault, partout sauf dans Le Figaro

Révélations hier. Le comptable suisse de l'industriel a confirmé lui avoir porté au moins 53 millions en liquide entre 1995 et 2012. L'affaire fait la Une de toute la presse... ou plutôt de presque toute la presse.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© MaxPPP Le sénateur Serge Dassalut)

Serge Dassault aurait reçu des millions d'euros en liquide. Révélations hier de Libération et de nos confrères de France Inter. L'affaire fait la Une de toute la presse. "Serge Dassault à nouveau mis en accusation" titrait la Croix, "des révélations embarrassantes" écrivent l'Express et les Echos. "Les millions en sachets de Serge Dassault" peut-on lire ce matin dans le Parisien.

Tous... sauf Le Figaro

Mais un journal résiste encore et toujours, il s'agit bien sûr du Figaro, propriété de l'avionneur. Le Figaro qui se contente d'une brève, très courte, très factuelle, intitulée "Presse : audition d'un comptable de Serge Dassault". Le titre a été minutieusement choisi, service minimum donc du Figaro qui a provoqué bien des moqueries hier sur les réseaux sociaux.

Récidive 

En avril dernier, l'homme d'affaires avait été mis en examen pour achat de votes à Corbeil Essonne. Gros titres dans la presse mais simple entrefilet dans Le Figaro, qui là non n'avait pas choisi son titre au hasard. On lisait "mis en examen, Serge Dassault conteste". Et il y a bien d'autres exemples du même acabit. 

Si le cas du Figaro est emblématique, ce n'est pas le seul journal à devoir répondre à cette question : comment parler des sujets qui touchent le propriétaire? Par exemple, comment parler de Xavier Niel dans le journal Le Monde dont il est actionnaire? Comment évoquer les scandales du dopage sur le tour de France quand on s'appelle l'Equipe et qu'on appartient à la société qui organise le Tour de France? Comment traiter la défaite électorale de Jean-Michel Baylet quand on est journaliste à la Dépêche du Midi, le quotidien de l'ex sénateur?

Il y a quelques jours, autre exemple, Direct Matin publiait un article sur le succès de l'Autolib, "qui poursuit sa croissance" écrit le journal... sans préciser que Direct Matin et Autolib appartiennent au même groupe, à savoir le groupe Bolloré.

Evidemment, il ne s'agit pas de jeter l'opprobre. Certains propriétaires mettent un point d'honneur à ne pas intervenir dans la ligne éditoriale. Les journalistes le plus souvent se battent pour leur indépendance, ça occasionne parfois même des bras de fer très durs entre la rédaction et le propriétaire, mais c'est une preuve - s'il en fallait encore une - qu'il est essentiel de se battre aussi pour préserver la pluralité de la presse.

 

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