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"Pour les industries, il faut rentrer sur le terrain de la science pour faire pression sur la recherche" selon le philosophe Mathias Girel

"La fabrique de l'ignorance" est un documentaire basé sur l’agnotologie, une science qui étudie précisément la production culturelle de l’ignorance et de la désinformation. Il est diffusé mardi à 20h50 sur Arte.

Article rédigé par Didier Si Ammour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
"La fabrique de l'ignorance", documentaire sur Arte. (CAPTURE D'ECRAN ARTE)

Coauteur du documentaire La Fabrique de l’ignorance consacré à l’instrumentalisation de la science par certaines industries, le philosophe Mathias Girel estime que la connaissance est un objet de controverse depuis une vingtaine d’années. Les industries du tabac ou des plastiques sont des cas d’école analysés dans ce film. "Ils montrent qu’on ne peut pas s’opposer à la science de l’extérieur, il faut rentrer sur le terrain de la science, essayer de faire pression sur la recherche, sur l’expertise, sur les cadres réglementaires", explique l’enseignant à l’École normale supérieure, l'ENS. Certains s’appuient "sur la science de diversion". Quand différents facteurs sont possibles, on peut financer sur certains d’entre eux. "C’est le cas du tabac, qui a financé énormément de projets sur les autres causes des cancers du poumon", rappelle Mathias Girel.

Ces différentes dérives ont abouti à la création de l’agnotologie, science de la production d’ignorance, sur laquelle se penchent des historiens, sociologues, etc. pour comprendre notamment ce qui se passe dans le climato-scepticisme. Sujet sur lequel "il est difficile de mesurer l’effet des réseaux sociaux en profondeur sur les comportements des publics", estime l’auteur. "Il y a des mobilisations bien identifiées par les chercheurs, avec des communautés artificiellement formées qui vont donner l’impression d’un mouvement d’opinion", conclut Mathias Girel.

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