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Muriel Robin : "Je suis apparemment désirable pour la télé"

La comédienne, formidable dans une fiction sur l’inceste diffusée lundi sur TF1, persiste à penser que son homosexualité lui a barré la route du cinéma.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La comédienne Muriel Robin, le vendredi 29 septembre 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Alors qu'elle a, il y a une quinzaine de jours, affirmé que les acteurs qui faisaient leur coming-out étaient ostracisés au cinéma, Muriel Robin indique, vendredi 29 septembre, relater "son vécu". Habituée, en revanche, des rôles forts à la télévision Muriel Robin, qui a joué Jacqueline Sauvage pour dénoncer les violences conjugales ou encore, une femme frappée par la maladie d’Alzheimer, revient le lundi 2 octobre à 21h10 sur TF1 pour une fiction sur le sujet de l’inceste "Les yeux grands fermés". Elle y incarne une mère et grand-mère face à un choix cornélien : dénoncer son propre enfant ou protéger son petit-fils.

franceinfo : Tout d'abord, quelles sont les nouvelles sur l'état de santé de Pierre Arditi avec qui vous jouez dans la pièce Lapin au Théâtre Edouard VII à Paris et qui a fait un malaise mercredi soir sur scène ? 

Muriel Robin : Il va très bien. C'était un malaise vagal. Rien de grave. J'ai passé beaucoup de temps avec lui, deux nuits. Il est rentré chez lui et voulait jouer le lendemain, je lui ai dit que c'était moi qui avais besoin de repos ! On reprend donc mercredi prochain !

 Après avoir incarné Jacqueline Sauvage, victime de violences conjugales, vous portez à nouveau un sujet très fort dans la fiction Les yeux grands fermés. C'est l'inceste. Vous jouez le rôle d'une mère et d'une grand-mère. Racontez-nous. 

C'est un thriller, mais avec un sujet difficile. Pourquoi faut-il le voir ? Je dirais presque qu'il est pédagogique. C'est une grand-mère... Si son fils a peut-être eu des gestes horribles sur son petit-fils, il faut qu'elle le dénonce. Mais est-ce qu'une maman peut mettre son fils en prison ? Si elle laisse passer, elle abandonne son petit-fils qui sera dans cette solitude, cette détresse, cette souffrance, cette horreur et seul, comme le sont entre quatre et six millions d'enfants en France. Trois enfants sur une classe de 30 sont victimes d'inceste. Une fille sur cinq est victime d'inceste, un garçon sur 12 est victime d'inceste. J'ai découvert ces chiffres, je les dis à chaque fois, pour un effet choc, évidemment. Et le film parle du fait que ça se passe chez tout le monde, ce n'est pas une question de milieu social. Évidemment que le papa, ce n'est pas un papa méchant dont on a peur et dont on doit se méfier. Le papa ou le cousin, ou le grand-frère ou le tonton formidable, c'est un homme protecteur, charmant et puis à un moment, il se passe quelque chose d'horrible. 

Vous connaissiez ce sujet avant de faire cette fiction ? 

Pas du tout. C'est exactement comme les violences conjugales avec Jacqueline Sauvage, j'ai eu une prise de conscience. Et là, j'ai l'impression de revivre la même chose. C'est-à-dire qu'on découvre tous des chiffres qui concernent les enfants ! Des chiffres horrifiants parce que si on passe demain, vous, moi, devant une classe de 30 enfants, on saura qu'il y en a trois dans cette classe qui sont incestés et on va continuer à vivre. J'aimerais bien que les familles en parlent avant. Est-ce qu'on regarde avec nos enfants ? Je pense qu'il faut le regarder avec les enfants parce qu'il y a ce qu'on doit faire après, une fois que l'horreur est arrivée, mais il y a aussi peut-être ce qu'on peut faire avant dans l'éducation. 

"Ce sont les parents qui peuvent dire à des enfants, même en bas âge, ce qu'est l'inceste. Il faut pouvoir se demander : Est-ce que cela arrive chez nous ?"

Muriel Robin, comédienne et humoriste

à franceinfo

Si cela arrivait, c'est une part d'ombre de la personne qui fait ça. Parlons aux enfants pour leur expliquer ce que c'est ou parlons après le film pour qu'ils nous posent des questions. C'est pour ça que je parle d'un film un peu pédagogique. 

Vous ne souhaitez faire que des rôles de ce registre désormais ? 

Faire des rôles qui ne servent à rien, qui ne parlent que de moi ou d'une jolie histoire, je ne sais pas trop bien faire. 

Vous l'avez fait pendant des années sur scène ! 

C'est autre chose, c'est faire rire. Je suis en train de changer parce qu'à l'automne, il y a une série qui s'appelle Master Crime sur TF1 et qui n'a pas de sujet grave. Ceci étant dit, j'aime les sujets difficiles, j'aime que ça puisse faire avancer un peu, faire bouger les lignes humblement. 

Récemment, vous avez affirmé que vous ne faisiez pas de cinéma à cause de votre homosexualité. Comment expliquez-vous que la télévision vous donne des rôles de femmes avec un amant, avec un homme, avec des enfants ? 

Je lance un truc, je dis mon vécu et ça personne ne peut revenir dessus. Mettons qu'il y ait 50 comédies qui se tournent dans l'année, sur 30 ans, cela fait 1 500. Je suis présente dans deux seulement. Les deux fois, c'est Christian Clavier qui me demande. Donc, à force de questionnements, il y a une réponse évidente. À la télévision, ils n'ont pas ce problème-là. Alors, est-ce que je suis désirable pour la télé ? Je ne le sais pas ! J'ai fait cinq téléfilms pour la télé, donc ce n'est pas non plus tous les jours, mais pour la télé, je suis apparemment désirable. 

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