Mathieu Spadaro : "Karim Benzema avait décidé cette année de remporter le Ballon d’or"

Après avoir réalisé un documentaire sur Mylène Farmer, Mathieu Spadaro en a tourné un avec le journaliste de L'Équipe Imanol Corcostegui, sur les coulisses du Ballon d'Or. "Ballon d'Or 2022, une course pour l'éternité", raconté par l’ancien joueur international Didier Drogba, sera diffusé lundi 23 octobre sur la chaîne L'Équipe à 21h15 et est déjà disponible sur la plateforme L'Équipe explore. Jusqu’à Karim Benzema en 2022, seuls quatre français avaient obtenu le trophée depuis sa création en 1956 : Raymond Kopa (1958), Michel Platini (1983, 1984, 1985), Jean-Pierre Papin (1991) et Zinédine Zidane (1998) Ce film nous emmène dans la mécanique de cet évènement annuel tant attendu par des millions de supporters du monde entier et qui représente le Graal pour un joueur de football professionnel. 

franceinfo : Actuellement, on parle beaucoup de Karim Benzema après son tweet et les déclarations de Gérald Darmanin, mais il est à l'honneur dans votre documentaire qui raconte surtout les coulisses de sa consécration comme Ballon d'Or en 2022, à l'âge de 34 ans. On y voit qu'il a un grand mental puisqu'il confie qu'il ne voulait pas arrêter les foot sans avoir obtenu le Ballon d'Or et montrer qu'il pouvait faire comme Zidane ou Ronaldo. 

Mathieu Spadaro : C'est vrai que cette détermination-là, cette année-là, je crois qu'il avait décidé qu'il irait le chercher. Et ce moment partagé chez lui à discuter de cette saison dont il se rappelle en commentant chaque moment comme une anecdote un peu singulière a été un beau moment, c'était puissant bien sûr.

Ce qui est impressionnant, c'est qu'il vous dit : "Alors là, tel match en quarts de finale de la Ligue des champions, je voulais marquer deux buts" et hop, il les marque ! 

Ce sont des anecdotes qui sont assez fortes, surtout dans une saison comme celle-ci où on ne s'attend finalement plus à rien et c'est ça le spectacle qui la rend assez extraordinaire. Il y a des rebondissements en permanence et quand il nous raconte qu'en allant dans les vestiaires à la mi-temps, il dit à ses coéquipiers : "Ne vous inquiétez pas, je vais les marquer", c'est bien sûr assez fascinant.

 À quel moment l'avez-vous interviewé ? Il était heureux d'avoir reçu cette récompense et il se livre beaucoup. 

C'était un moment singulier quand on est allé le voir puisque c'était quelques jours avant la cérémonie. La tradition fait que France Football a besoin de faire sa couverture. Donc quelques jours avant, le lauréat est contacté. C'est Pascal Féret, le directeur de France Football, qui l'appelle. Cette conversation est enregistrée. Et il ne peut pas sauter de joie parce qu'il est dans un endroit où il n'a pas le droit de le dire ! C’est un moment touchant, particulier parce que c'est secret. 

Le documentaire lève aussi un peu le voile sur le processus de sélection. En juin, les 30 meilleurs joueurs de foot du monde sont sélectionnés. Par qui ? Et comment cela se déroule-t-il ?

 Il n'y avait pas 30 joueurs, mais il y avait 30 vignettes et 30 noms pour définir les 30 potentiels meilleurs joueurs du monde qui après, sont proposés à 100 journalistes dans le monde entier pour en choisir un. Cette réunion se fait à la rédaction de France Football, présidée par Pascal Féret, le directeur de France Football à l'époque, assisté de Didier Drogba, qui par ailleurs raconte ce film. Il y a des choix évidents et d'autres qui sont un peu plus difficiles. Alors, ils se refont la saison et c'est un débat qui est électrique parce qu'en fait, c'est très difficile de choisir.

 
Là, il y a des rumeurs pour le prochain Ballon d'Or, notamment une à propos de Lionel Messi qui l'aurait à nouveau. Vous a-t-on ouvert toutes les portes ? Avez-vous pu approcher les jurés ? 

On n'a pas vu les 100 jurés, mais on a décidé d'en choisir un, Henry Winter, qui représente le football anglais. On est allé l'interviewer dans ses bureaux au Times à Londres, c’est un passionné qui a d'ailleurs une très belle image en parlant de Karim cette saison-là, qui le cite comme une "Golden Comet" à travers le ciel, comme il a traversé la saison. Et cette image est assez belle et on a essayé de le mettre en image avec cette espèce de carte dorée tout au long du documentaire. 

Le documentaire est raconté par Didier Drogba et il y a plein d'interviews dont Lionel Messi. En les écoutant, on a l'impression que ces joueurs de foot sont tous des stratèges. C'est bizarre parce que c'est un jeu collectif, mais chacun a bien compris qu'il fallait se démarquer pour devenir le Ballon d'Or. 

L'exclusivité de ce documentaire, c'était aussi de les entendre raconter cette saison, parler de leur stratégie. D'habitude, ce sont des spécialistes qui parlent de football. Là, pour la première fois, c'est ceux qui le vivent qui le racontent et ça, c'est ce qui fait que ce documentaire est assez unique. 

Votre précédent documentaire était sur Mylène Farmer. Comment en êtes-vous arrivé là ? Et qu'est-ce qui vous a intéressé dans ce projet de documentaire ? 

J'étais allé dans un stade à l'occasion d'un concert de Mylène Farmer, mais je n'avais jamais vu un match de foot en vrai. Et le premier match que j'ai vu, c'était dans le stade Barnabéu à Madrid. D'un coup j'arrive dans un stade sur la pelouse remplie et c'était le jour où Karim Benzema présentait son Ballon d'or à son club. Tout le stade s'est rempli de papiers en or pour créer un tifo géant. Le stade devient gold et ce jour-là, il pleuvait et c'est vraiment une image qui restera gravée dans ma tête. 

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