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Laurent Mariotte : "Quand les gens me disent qu’ils refont mes recettes, c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire"

Le journaliste gastronomique de TF1 fête les 15 ans de son émission Petits plats en équilibre.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Laurent Mariotte, journaliste gastronomique de TF1, le mercredi 8 novembre 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Laurent Mariotte, chroniqueur culinaire incarne l’émission quotidienne Petits plats en équilibre diffusée sur TF1. L’homme de radio vient aussi de publier en octobre, un nouveau livre Je cuisine avec 3 ingrédients et pour 3 fois rien, aux éditions Solar. Depuis 15 ans déjà, chaque jour les téléspectateurs de TF1 le voient cuisiner du lundi au vendredi à 11 h 45, 12 h 55 et 13 h 40 avec une audience cumulée qui peut compter en moyenne sur cinq à six millions de téléspectateurs ou cuisiniers en herbe. 

franceinfo : Vous souvenez-vous de la première ? 

Laurent Mariotte : Absolument. J'ai fait une tarte aux figues parce que dès le début, on a voulu mettre la saison en avant et comme on a commencé début novembre, c'était encore la saison. On a donc fait une tarte aux figues.

Est-ce que le programme a beaucoup évolué en 15 ans ? 

Il a évolué. Il y a peut-être un petit peu moins de viande, plus de légumineuses, plus de céréales. On délocalise beaucoup l'émission. Je vais dans les régions tous les étés et de plus en plus hors de nos frontières pendant l'année. Là, je reviens de Martinique, je vais aller probablement à la Réunion aussi.

Le programme dure deux minutes à l'antenne, mais combien de temps prend une seule émission ?

 On tourne beaucoup d'émissions par jour. Les émissions de cuisine nécessitent une grosse logistique. Le temps dépend des recettes, mais on peut mettre une heure par émission. On est très organisés. J'ai une super équipe de TF1 Factory avec moi et c'est vrai que c'est une joie de se retrouver parce qu'on travaille dans la rigolade et on a un seul but, c'est de donner envie aux téléspectateurs de refaire les recettes le jour même.

Ça marche parce que moi je les refais.

C'est le but du jeu. C'est le plus beau compliment qu'on puisse vraiment me faire. J'ai encore croisé des gens tout à l'heure qui me disaient : Je viens de faire vos poireaux avec la sauce béchamel et la sauce Mornay.

"L'idée de ‘Petits plats en équilibre’, c'est de se reconnecter avec la cuisine du quotidien, une cuisine abordable."

Laurent Mariotte, journaliste gastronomique

à franceinfo

Notre manière de consommer a changé en 15 ans, mais notre souci de la planète aussi. Est-ce que la cuisine d'aujourd'hui est plus respectueuse de l'environnement ?

Elle est plus locale. La saison est au cœur de la cuisine d'aujourd'hui, mais la saison a toujours été l'ADN de Petits plats en équilibre.

Vous étiez précurseurs. 

Un petit peu. Mais ce sont mes racines. Je suis fils et petit-fils de paysans et j'ai été élevé comme ça. Je n'ai pas de mérite à cuisiner et à manger avec les saisons, pour moi, c'est une évidence. 

Vous êtes aussi à la radio sur une station concurrente. Vous écrivez aussi des livres. Le dernier, Je cuisine avec 3 ingrédients et pour 3 fois rien aux éditions Solar, soit 60 recettes à l'intérieur. Ce sont des best-sellers quasiment à chaque fois. Il y a clairement un effet vu sur TF1 ? 

Probablement oui, mais c'est surtout que les gens savent qu'ils vont pouvoir refaire les recettes à la maison avec des ingrédients faciles à trouver. Et là, j'ai voulu me reconnecter avec la cuisine du quotidien. J'ai vu une enquête il y a peu de temps avant d'écrire ce livre qui racontait qu'il y a trois ans, 17% des Français ne cuisinaient pas, aujourd'hui, ils sont 21%. Ça ne cesse de progresser les gens qui se déconnectent de la cuisine du quotidien. Donc, avec trois ingrédients principaux, quelques épices, des matières grasses qu'on a à la maison, je vous assure qu'on peut faire de belles recettes.

Il y aussi votre magazine Les petits plats de Laurent Mariotte, numéro 1 des titres de cuisine, qui sort tous les deux mois. Chaque support est différent magazine, radio, télé, livres, vous arrivez à chaque fois à faire autre chose ! 

Mais bien sûr, pour le magazine, par exemple, c'était quelque chose à laquelle je tenais dès le début. Je me rends dans une région pendant plusieurs jours pour mettre en avant les producteurs, les artisans, les chefs-cuisiniers. Dans le magazine, on fait 12 pages sur chaque région. Ce sont vraiment des rencontres qui nous permettent de découvrir des produits, des savoir-faire aussi. On est un pays fantastique. Dans le magazine, j'ai forcément plus de temps qu'à la télé.

Est-ce que ça vous aurait plu de participer à un concours culinaire en tant qu'expert ? 

Je l'ai fait sur TF1 avec Le meilleur menu de France, c'était un access-prime-time tous les soirs, un été, il y a presque à presque dix ans. C'étaient des chefs régionaux qui venaient avec leurs produits et qui faisaient une compétition pour faire le meilleur menu de France pour le servir au gala de la Croix-Rouge.

Et Top Chef, quel regard portez-vous sur cette émission ?

Je trouve Top Chef très bien ! Ça met en lumière le métier de cuisinier. C'est une cuisine qui est hyper sophistiquée, ce sont des étoilés, deux étoiles parfois, donc ce n'est pas la cuisine que je fais au quotidien. Je pense qu'il y a deux styles d'émissions de cuisine. 

Y'a-t-il de la place pour tout le monde ?

Exactement. Il y a celles qui font rêver et celles qui permettent de cuisiner au quotidien. 

Vous avez donné le goût de la cuisine à beaucoup de téléspectateurs, beaucoup de lecteurs, d'auditeurs qui s'y sont mis grâce à vous. C'est votre plus grande fierté ? 

Franchement, oui. Il y a peu, c'est un père divorcé, dans la rue, qui me dit : Voilà, je viens de divorcer et grâce à vous, je fais de la cuisine au quotidien pour mes enfants quand je rentre le soir du boulot.  Il y a une phrase d'Alain Chapel, un de nos plus grands chefs cuisiniers, qui disait : La cuisine, c'est bien plus que des recettes. C'est ça, la cuisine ce sont des moments, des souvenirs, de la transmission et surtout par les temps qui courent, c'est se mettre dans une bulle et faire quelque chose où on pense à autre chose de positif et de valorisant pour soi aussi.

Retrouvez cette interview en vidéo : 

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