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Info Médias. Amaury de Rochegonde : dans les médias "certains sauvetages peuvent se payer au prix fort"

Richard Sénéjoux et Amaury de Rochegonde, journalistes, se sont penchés sur la recomposition du paysage médiatique français, et les investissments de groupes ou de milliardaires dans le secteur.

Article rédigé par franceinfo, Didier Si Ammour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Amaury de Rochegonde, journaliste. (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Drahi, Arnault, Niel et, avant eux, Bolloré ou Lagardère... Pourquoi s'intéressent-ils aux médias ? Avec Médias : les nouveaux empires (First Editions), Richard Sénéjoux et Amaury de Rochegonde, journalistes respectivement à Télérama et Stratégies, tentent de comprendre pourquoi les milliardaires français investissent dans des groupes de presse ou audiovisuels. D’autant qu’ils mettent la main sur des médias économiquement fragiles et dont le public se méfie de plus en plus.

Avec la campagne électorale, on entend beaucoup d'accusations, certains médias qui rouleraient pour tel ou tel candidat. Amaury de Rochegonde : "Marine Le Pen dit effectivement que les médias de Patrick Drahi roulent pour Emmanuel Macron. Elle se fonde sur quelque chose qui est vrai : en 2014 lorsque Patrick Drahi s'est porté candidat pour le rachet de SFR, il y avait des enquètes fiscales qui étaient faites sur lui, et c'était Arnaud Montebourg qui s'opposait à son rachat. Et quand Emmanuel Macron est arrivé à Bercy, on a oublié les enquêtes fiscales. Mais ce n'est qu'une partie de la vérité : en 2015, SFR se porte candidat pour le rachat de Bouygues Telecom, et Drahi met 10 milliards d'euros sur la table. Il y a une réunion un samedi à Bercy. A l'issue de cette réunion entre Martin Bouygues et Emmanuel Macron, Martin Bouygues décide de refuser l'offre de Drahi. Donc on peut dire tout aussi bien qu'à ce moment là, Emmanuel Macron n'a pas été favorable à Patrick Drahi."

"Notre livre parle du rôle et de l'inflluence des actionnaires sur les rédactions, explique Amaury de Rochegonde. Les titres ont leur indépendance, bien évidemment. Il ne faut pas considérer que la superstructure fait tout. Mais on ne peut pas considérer que l'indépendance journalistique est l'alpha et l'omega. L'actionnariat et le jeu d'influence comptent."

Je pense que la liberté de la presse est relativement plus importante aujourd'hui, notamment du fait d'internet et des réseaux sociaux. Peu de faits peuvent être occultés

Amaury De Rochegonde

Info médias - L'invité

"Dès qu'il s'agit de l'activité de leur actionnaire, ou d'activités jouxtant celle de leur actionnaire, nuance Amaury de Rochegonde, cela peut devenir compliqué. Et c'est toute l'opiniâtreté des rédactions ou les garde-fous qu'ils ont su imposer qui vont faire la différence et garantir la liberté."

Certains titres et groupes de presse en situation économique précaire ont été sauvés par l'intervention de nouveaux actionnaires. "Certains sauvetages peuvent se payer au prix fort, estime Amaury de Rochegonde. L'avenir n'est pas forcément garanti parce qu'un chèque de plusieurs millions d'euros a été signé. Quelle est la stratégie ? Il y a des stratégies industrielles qui peuvent être audacieuses, mais assez peu souvent de relance éditoriale forte."

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