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François Busnel, co-fondateur de la revue "America" : "Nous ne cherchons pas à juger mais à comprendre l'Amérique de Trump"

Invité de franceinfo jeudi 15 février, François Busnel, co-fondateur de la revue America, revient, à l'occasion de la parution de son quatrième numéro, sur l'intérêt des Français pour les États-Unis, bien au-delà du cercle des fans de littérature américaine.

Article rédigé par franceinfo, Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
François Busnel, journaliste, critique littéraire, animateur et producteur de l'émission La Grande Librairie sur France 5. (PIERRE AUGROS / MAXPPP)

"On est incroyablement surpris par le succès du magazine, confie à franceinfo jeudi 15 février François Busnel, co-fondateur de la revue America, à l'occasion de la parution de son quatrième numéro. Nous pensions qu'il intéresserait les fans des écrivains. En réalité, un an après le premier numéro, nous constatons que cette population excède largement le cercle de fan de littérature américaine. Justement, cela montre que le romancier, celui qui utilise la fiction, peut apporter une voix plus sensible, un peu différente, dans le concert d'analyses d'experts. Là où eux apportent des chiffres, les écrivains apportent des lettres, c'est à dire un surplus de sensibilité et d'émotion pour comprendre une période de passion."

Aller dans les marges

Dans ce quatrième numéro d'America, on trouvera un entretien avec Paul Auster. Mais aussi un dossier consacré à la violence aux États-Unis, avec la participation exceptionnelle de Stephen King. Il offre ainsi à America un texte inédit, Guns, qui raconte une contre-histoire de l'Amérique : "Nous essayons de demander aux écrivains se sortir de l'histoire officielle, des sentiers battus et d'aller dans les marges, poursuit François Busnel. Cette contre-histoire de l'Amérique consiste à rappeler qu'il n'y a pas, comme on le dit souvent, de culture de la violence aux États-Unis. Mais plutôt un peuple d'ancien pionniers, qui constitutivement, possède des armes à feu..."

"L'Amérique n'a pas de culture de la violence"

"Ce n'est pas la culture qui est violente, c'est l'emploi que l'on fait ou pas dès le plus jeune âge, de cette violence." Il évoque ainsi Stéphen King qui demandera l'arrêt de la commercialisation en 1999 de son roman Rage, paru en 1977, dans lequel un lycéen tue son professeur et prend sa classe en otage, après les tueries survenues dans les lycées américains et notamment à Columbine. L'auteur de la tuerie affirmera avoir été inspiré par le livre de Stephen King. Ce dernier, justifiant le retrait de Rage des rayons, expliquera qu'on "ne laisse pas un barril de dynamite à côté d'un pyromane." America n'est pas une revue anti-Trump : "Elle cherche non pas à juger mais à comprendre", assure François Busnel. "On l'oublie un peu, mais Trump est aussi la victoire de la téléréalité, du capitalisme à tout crin, et sans dire que c'est bien ou que c'est mal, c'est tout simplement un fait : nous l'avons commenté pendant 25 ans, nous l'avons aujourd'hui au pouvoir."

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