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DSK : un retour en France très (trop ?) médiatisé

C'était hier matin, devant les objectifs et les caméras : Dominique Strauss-Kahn et son épouse Anne Sinclair faisaient leur retour en France. Un nouvel épisode d'une affaire très médiatisée, qui a suscité une vague de critiques, y compris au sein de la presse. _ La chronique de Céline Asselot
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Décidément, l'affaire Strauss-Kahn aura été une succession d'images : après DSK menottes aux poignets encadré par les policiers, DSK au tribunal encadré par ses avocats, il y a désormais DSK de retour encadré par des dizaines de photographes et de reporters. Il a été suivi à l'aéroport, dans sa voiture, devant la porte de son immeuble place des Vosges et même dans la cour de sa résidence où quelques journalistes ont été autorisés à entrer. Toute la journée, à la télévision, on a donc vu Dominique Strauss Kahn et son épouse, tout sourire, visiblement plus ravis que gênés d'être accueillis avec tant d'empressement. Un accueil digne du pape, s'étonne le New York Times. Un accueil que les proches de DSK n'ont cependant pas cherché à décourager.

Des reporters devenus paparazzis ?

Pourtant, cette médiatisation a provoqué une vague de critiques, y compris au sein de la presse elle-même. Il y a eu beaucoup de reproches, de la part des éditorialistes, de la part des internautes - Le Point a notamment relayé la parole de ses lecteurs dans un article intitulé "DSK, le retour dérangeant" - sur les réseaux sociaux aussi. Et puis, les observateurs des médias s'interrogent. "Ces images étaient vides de toute information. Elles ne nous apprennent rien de ce que nous ne savions déjà : Strauss-Kahn arrive à l'aéroport, avec une valise, et il rentre chez lui." explique François Jost, sémiologue, spécialiste de la télévision. "J'y vois une sorte de glissement des reporters vers la logique des paparazzis : il faut être là, mais il ne s'agit plus d'informer véritablement".

Certains reporters sont-ils dans cette affaire devenus des paparazzis ? Parmi ceux qui répondent oui, il y a étonnamment le magazine Voici, qui connaît bien les paparazzis pour y faire appel tous les jours. "Nous sommes étonnés" pouvait-on lire hier sur

de Voici "de voir nos confrères adopter avec DSK un comportement qu'ils dénoncent quand il est celui de la presse people." Voici s'offre le luxe de donner des leçons de journalisme...

Mais il y a tout de même une explication à cette frénésie médiatique. Il faut d'abord le rappeler : c'était hier la première fois, depuis le début de l'affaire, que les journalistes français ont pu approcher véritablement Dominique Strauss Kahn. Pas de policiers new yorkais, pas de service d'ordre : DSK était pour la première fois presque accessible, de retour en tout cas dans un décor habituel, un aéroport, une rue parisienne. Comme une manière de boucler la boucle. Et ce que tout le monde attendait, c'était un mot. Soulagement, colère, ressentiment, contrition. Mais DSK reste muet et c'est ça qui explique la frénésie médiatique selon Christophe Barbier. Le patron de l'Express en parle dans son édito vidéo du jour.

En fait, plus DSK se tait, plus il crée un effet d'attente, plus il donne un prix élevé aux premiers mots qu'il prononcera. Il a fait savoir qu'il parlerait dans les 15 prochains jours. Mais quand, où, comment et surtout que dira-t-il ? Il garde le suspense. Et il alimente de ce fait, volontairement ou pas, l'agitation médiatique autour de lui.

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