Déjà 300.000 signatures pour la pétition d'Elise Lucet sur le "secret des affaires"
On le croyait définitivement enterré, ce fameux "secret des affaires" qui avait fait grand bruit l’hiver dernier. Ce texte, qui faisait partie du projet de loi Macron, devait permettre aux entreprises de porter plainte contre toute personne divulguant des informations confidentielles à leur sujet. L'amendement avait été retiré suite à la fronde des journalistes et d'une partie de la classe politique.
Alors, enterré le secret des affaires ? Oui mais seulement en France. Le texte pourrait être en effet mis en œuvre au niveau européen : un projet de directive a été adopté mardi par la commission des affaires juridiques du Parlement européen. Il sera examiné en séance plénière à la rentrée.
Une entrave au travail des journalistes
Mais la mobilisation, elle, ne faiblit pas. Une pétition lancée le 4 juin dernier par un collectif de journalistes a déjà recueilli plus de 300.000 signatures. Pour les auteurs de la pétition, le secret des affaires a certes pour but d'éviter l'espionnage industriel mais il va surtout entraver le travail des journalistes. Impossible désormais d'enquêter sur les grandes entreprises, sur les banques, sur les laboratoires pharmaceutiques... Impossible de se procurer des documents confidentiels sous peine de risquer de fortes amendes voire une peine d'emprisonnement... "C’est une nouvelle arme juridique de dissuasion contre la presse " dénonce sur France Info Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart. "Dès que le journaliste obtient un document confidentiel, l’entreprise peut porter plainte. Elle peut demander des dommages et intérêts de dizaines de milliers d’euros ".
"Tous les citoyens sont concernés"
Résultat, certaines enquêtes ne pourraient pas voir le jour. "Avec le secret des affaires, on n’aurait pas pu enquêter sur le lobby du tabac dans Cash Investigation " explique Elise Lucet de France 2, qui a lancé la pétition. "On avait obtenu 650 pages de documents exclusifs sur Philip Morris. On ne pourrait pas les montrer à l’antenne, parce que Philip Morris pourrait nous attaquer. "
"Chacun doit prendre conscience que tous les citoyens sont concernés " renchérit Fabrice Arfi. "Ce n’est pas un réflexe de journalistes pour journaliste, c’est un choix de société. Est-ce qu’on veut que la presse soit le relais plus ou moins complaisant des communiqués de presse ? Ou est-ce qu’on veut que la presse puisse révéler des informations que le public ne connaissait pas ? "
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