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"A Musée vous, A Musée moi" sur Arte : la série humoristique qui donne vie à des tableaux

"A musée vous, a Musée moi" entame sa quatrième saison sur Arte. Une mini-série qui permet, tous les vendredis, d’appréhender l’art de façon ludique en replaçant les personnages au XXIe siècle, tout cela en deux minutes depuis son canapé. La créatrice de ce format court, Fouzia Kechkech, avait déjà imaginé "D’art d’art !" pour France 2
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La productrice, Fouzia Kechkech, le jeudi 21 septembre 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après avoir produit pour France 2, "D’art d’art !", Fouzia Kechkech a poursuivi son objectif de démocratiser l’art auprès du grand public par le prisme d’une mini-série humoristique, "A Musée vous, A Musée moi", diffusée tous les vendredis sur Arte. Dans cette quatrième saison, ce format court nous invite à plonger dans des peintures de Cézanne, Modigliani, Courbet ou encore Degas. Deux minutes pour mieux connaître une œuvre et son auteur tout grâce aux personnages animés qui, en plus, nous interrogeront sur le monde qui nous entoure, celui du 21e siècle.

franceinfo : Comment cette idée vous est-elle venue ?

Fouzia Kechkech : Cette idée m'est venue de par mon parcours. Il y a à la fois l'ADN de "D'art d'art !" et mon enfance. À 17 ans, quand j'ai eu ma première relation avec une œuvre d'art, c'était La Joconde que j'allais découvrir au musée. Et là, je me dis : Mais elle est tellement petite. Je pense que tout le monde s'est dit la même chose. C'est la déception. On se dit :Tiens, La Joconde est le tableau emblématique et à la fois, pourquoi on aimerait La Joconde plus qu'un autre tableau finalement ? Parce que tout le monde l'a aimée ? Moi, je l'aime, je tiens à le dire, et j'ai appris à l'aimer parce que j'ai appris à la connaître.

"J'ai appris à avoir une relation avec Mona Lisa, avec Lisa Gherardini plus précisément, parce que derrière ces tableaux, vous avez des personnages qui ont posé, qui ont une histoire."

Fouzia Kechkech

à franceinfo

J'ai toujours été une rêveuse. Mon moment préféré dans l'enfance était le moment d'aller se coucher parce que je pouvais inventer, rêver, imaginer des histoires. La période "D'art d'art !" m'a aussi énormément nourrie. Et puis un jour, je suis allée au musée avec mon fils de quatre ans parce qu'il voulait aller voir Van Gogh. Je crois que beaucoup d'enfants aiment son univers, très coloré, très présent. Il est devant l'autoportrait de Van Gogh, il n'est pas content et il me dit : Non, non, ce n'est pas du tout ce que je voulais voir ! / Ah bon ? Mais qu'est-ce que tu voulais voir ?

"Mon fils devant un Van Gogh m'a répondu : Moi, je veux qu'il me parle ! On va le faire parler, un jour.

Fouzia Kechkech

à franceinfo

Alors l'une des originalités de ce programme, c'est le scénario. Vous mélangez l'histoire du tableau à l'actualité. Cela donne des anachronismes très drôles. Les joueurs de cartes de Cézanne se mettent à parler de la loi anti-tabac et disent : "On va arrêter de fumer la pipe". La femme aux yeux bleus de Modigliani est présente sur les réseaux sociaux... Vous auriez pu vous contenter de raconter des anecdotes sur les tableaux. Pourquoi y mélangez-vous du contemporain ?

On est sur un format qui est une fiction, donc à un moment, il faut une narration. Il faut ce mélange du vrai et du faux et que ces personnages prennent vie. J'avais cette envie qu'on puisse avoir cet effet bluffant. Vous prendre par surprise. On vient dans la série qu'on aime ou pas l'art. On est bluffé parce que vous avez cet aspect figé des personnages qui ensuite prennent vie. Et ces personnages sont au XXIe siècle, ils ont la vie de tous les Français, les mêmes problématiques. Et à ce moment-là, j'ai envie que vous les aimiez, qu'il y ait de l'empathie. Ils peuvent être en colère, avoir envie de sortir de ce tableau et aussi de nous raconter des anecdotes autour de leur vie.

Le décor, les postures des personnages sont exactement les mêmes que sur le tableau original. Comment vous faites pour vérifier chaque détail ?

Dans le making of, on explique avec toute l'équipe que chaque détail est millimétré. Création de costumes, création des perruques et du maquillage. Chaque tableau est différent. On recommence, on se renouvelle à chaque fois. Chaque saison est un casting différent et des constructions de décors différents. On ne se repose jamais, on se renouvelle à chaque fois.

Combien coûte un tel programme ? Il dure deux minutes, mais nécessite des acteurs, des décors.

Beaucoup d'argent. Pour une série, Arte participe à hauteur de 270 000 € et ensuite je vais chercher des compléments auprès du CNC ou d'autres partenaires.

Savez-vous si des gens sont allés au musée grâce à votre série ? Notamment des jeunes.

Oui. De plus, j'interviens beaucoup dans les écoles ou dans les hôpitaux pour enfants. Je me souviens d'une intervention en 2019 dans un lycée polyvalent à Fresnes. Vous aviez une classe en bac professionnel Commerce. À la suite à mon intervention, ils ont mis en place une exposition de médiation culturelle autour des tableaux et cela a permis, dans ce lycée où les étudiants polyvalents et professionnels ne se rencontraient jamais puisqu'il y a un clivage, de se rencontrer autour de cette exposition. Oui, souvent, on me dit : Vous avez changé mon regard sur l'œuvre d'art et c'est l'objectif.

Retrouvez cette interview en vidéo : 

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