Seun Kuti : A long way to the beginning
Dans la famille Kuti, deux de ses fils revendiquent l'héritage musical : Femi Kuti et, Seun, le cadet, aujourd'hui agé de 30 ans. Tous les deux sont chanteur, saxophoniste (comme papa) mais si Femi est le plus sage, Seun a le tempérament de feu de son père, à tel point qu'il a repris, avec la même hargne, l'engagement politique de son géniteur, en même temps que la direction du mythique orchestre Egypt 80 qui l'accompagnait sur scène.
Fela, était une forte personnalité au train de vie de rock star, polygame et opposant politique, décédé des suites du sida en 1997, et qui a marqué Seun dans sa chair. Après la mort de Fela, son fils s'est fait tatouer dans le dos, à l'âge de 18 ans, le nom de son père, d'une épaule a l'autre, à travers ces deux mots : Fela lives (Fela est vivant).
Il faut dire que Seun, fils de Fela et d'une de ses choristes, a grandi à Lagos, en République de Kalakuta, communauté fondée par Fela sous son propre toit où cohabitait sa famille, ses musiciens, ses épouses et choristes, selon les régles de Fela. C'est là que Seun a été elevé, avant de monter sur scène dès l'âge de huit ans.
"*Grandir là-dedans, c'était comme aller à l'université de la vie. J'ai observé les gens, comme un enfant le fait avec les adultes. Il faut réaliser que je n'ai jamais vécu avec des gens de mon âge. Fela m'a donné tout ce qu'un père pouvait donner à son fils : de bonnes bases. Et puis c'était drôle : d'abord parce que je me couchais tard, et puis j'adorais être sur scène, danser, chanter...
C'était sans doute une manière de me faire choisir la musique : me montrer tous ces concerts, m'emmener à travers le monde... Je me disais : c'est le job le plus facile du monde ! Tu joues ta musique, les gens t'aiment, ils te donnent de l'argent, tu as des femmes : que vouloir de plus ?! Je fais de la musique !* "
Une forte conscience politique
C'est donc à Kalakuta, maison aujourd'hui transformée en musée, que Seun a décidé d'être artiste, mais de ceux de la trempe de son père : des voix politiques, qui dénonce l'exploitation du continent africain et la paralysie d'un peuple asservi, selon Seun Kuti, par la domination économique occidentale.
Le titre qui ouvre le disque s'appelle d'ailleurs IMF (International Monetary Fund - le Fond Monetaire International) , du nom de l'organisation dirigée aujourd'hui par Christine Lagarde, (et avant elle par Dominique Strauss-Khan).
Le FMI transformé, par Seun Kuti, en International Mother Fuckers (Les enfoirés internationaux) : même conscience politique énervée que Papa, avec, en plus, le désir de rafraichir ce funk africain avec l'aide d'invités américains, comme Blitz The Ambassador, ou le pianiste de Jazz Robert Glasper qui a sophistiqué la production. L'idéal pour lever le poing, c'est encore de voir Seun Kuti sur scène, qui en bon fils de Fela, a appris à mener, saxophone autour du cou, les concerts chauds bouillants aux allures de célébrations vaudous.
Les dates de tournée, à retrouver ici : https://www.facebook.com/seunkutiofficial/app_123966167614127
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