"Sans objet", l'harmonie entre l'homme et la machine
Et si l'homme et la machine ne faisaient plus qu'un ? C'est un peu ce qui se passe dans le spectacle d'Aurélien Bory, actuellement à l'affiche dans le cadre du festival "Paris quartier d'été" . Une pièce dans laquelle deux comédiens tentent d'apprivoiser une machine industrielle, un bras articulé utilisé notamment dans les usines automobiles. A la façon de Stanley Kucbrick dans 2001 : l'Odyssée de l'espace , Aurélien Bory confronte les acteurs à un corps étranger, à la puissance et à la précision infaillibles.
Quand la machine prend vie
Dans les premières minutes de la pièce, une immense bâche en plastique sombre prend vie. Elle s'élève, tournoie, se plie et se déplie dans l'espace. On perçoit une forme, un souffle, comme une respiration. Mais qu'est-ce qui peut bien se cacher là-dessous ? Des hommes ? Une machine ? Les deux comédiens Olivier Alenda et Olivier Boyer, eux aussi, meurent d'envie de le savoir. Sous la bâche, ils découvrent un impressionnant bras articulé, qui trône tranquillement sur le plateau. Dans un étrange jeu d'anthropomorphisme, il semble regarder vers le spectateur. C'est le premier contact entre l'homme et la machine, leur danse peut commencer.
Très, vite, la machine prend le pas sur les hommes, transformés en simples marionnettes. Les corps humains s'accrochent, subissent les mouvements et les arrêts soudains de leurs interlocutrice. Leurs gestes se mécanisent à mesure que le robot, lui, s'humanise.
"La machine est une marionnette, mais elle manipule elle-même les acteurs "
En 2009, année de création du spectacle, Aurélien Bory a eu l'idée saugrenue, mais spectaculaire, d'offrir une seconde vie à ce robot industriel. Et de confronter ses comédiens, animaux conscients, à cette technologie.
"C'est un dialogue physique qui s'engage entre ces corps. D'un côté le corps de la machine, et puis les corps des acteurs. C'est un double rapport à la marionnette : cette machine est une marionnette, mais elle manipule elle-même les acteurs (...) Au contact de la technologie, c'est vrai que l'être humain devient comme les machines, pense un peu comme les machines, agit comme les machines, ce qui peut être un peu triste. Mais en même temps dans la pièce on sent quanhd même un esprit qui la traverse et cet esprit c'est celui de l'humanité, qu'il s'incarne dans deux tonnes de métal ou dans les êtres humains"
Mécanique de précision
Sur scène, c'est Tristan Baudoin, le régisseur plateau d'Aurélien Bory, qui commande la machine. Un écran et une souris sur les genoux, il lui dicte ses moindres mouvements. Il lui a fallu un an, en partant de zéro, pour maîtriser l'outil à la perfection, et devenir une pièce maîtresse dans ce spectaculaire ballet physique et poétique, d'une exceptionnelle précision.
"C'est vrai que lui (le robot, ndlr) il est d'une très grande précision et il faut que les acteurs et moi soyons à la hauteur de cette précision. C'est entre la marionnette et le lion en cage, il a fallu le dompter (...) cela a été un champ de recherches assez énorme, qui a demandé un grande patience à tout le monde. A moi ça m'a demandé une grande persévérance pour manipuler l'outil et puis aux acteurs, à faire preuve de patience parce que chaque fois qu'on voulait essayer quelque chose ça demandait un temps de préparation énorme. Le robot ne permet pas l'erreur, du coup, il faut que tout soit fait dans les règles de l'art en permanence."
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