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"Retour à Ithaque" : les destinées cubaines et humaines de Laurent Cantet

Laurent Cantet avait décroché la palme d'or pour "Entre les murs", ce film sur une classe de banlieue, a l'art de nous donner rendez-vous là où on ne l'attend pas. Il était allé tourner son précédent film, "Foxfire", au Canada, et il nous embarque cette fois à Cuba pour un film tourné en moins de trois semaines, avec cinq comédiens cubains remarquables, et un dispositif très simple.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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"Retour à Ithaque" est un huis clos à ciel ouvert, qui met en scène, sur une terrasse de la Havane, les retrouvailles de cinq vieux amis célébrant le retour de l'un d'entre eux après un exil de près de 20 ans en Europe.

Le temps d'une nuit, ces sexagénaires vont faire le bilan de tous les espoirs que leur génération avait pu placer dans la révolution cubaine, de leurs idéaux et de leur jeunesse envolés, de leur amitié et de leurs vies malmenées. Et le film est captivant, drôle, émouvant, parce que, sur cette terrasse qui domine la Havane, ces personnages, qui tous ont suivi des trajectoires différentes, dansent, rient, pleurent, boivent, discutent, se déchirent, se retrouvent. Malgré le dispositif assez théatral, il y a suffisamment de rebondissements et de révélations pour que la tension soit permanente. Et il y a ce mélange de colère et de nostalgie, de regrets et de remords, qui prouve, s'il le fallait, que rien n'est simple et que Laurent Cantet a un véritable talent pour méler l'intime et l'universel.

Selon lui, d'ailleurs, ce regard sur Cuba fait surgir des questions que l'on peut tous se poser aujourd'hui, dans les pays occidentaux notamment :

"Aujourd'hui, je pense que les idéologies ont pratiquement disparu et qu'on en a parfois mesuré la vanité. Quand je suis à Cuba, ce qui me touche, c'est d'avoir le sentiment d'être dans une page d'un livre d'histoire, le sentiment qu'il y a une densité historique et que ce qui se joue à Cuba démultiplie ce qu'on peut éprouver en France ou ailleurs. J'ai l'impression qu'en parlant de Cuba, je parlais plus largement de choses que je pouvais partager avec les cubains, ces désillusions qu'on a tous pu éprouver à un certain âge en réalisant que les passions qui nous ont animés ne sont plus tout à fait les mêmes, ce que c'est que d'arriver à cinquante ans et les bilans qu'on peut faire à ce moment-là ."

 

 

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