Cet article date de plus d'onze ans.

Orelsan et Gringe sont les Casseurs/Flowters

Des débuts marqués par un titre polémique, puis, la rédemption : deux victoires de la musique remportées en 2012 pour un deuxième album. Orelsan, désormais incontournable dans le rap hexagonal, se lance, cette fois, dans un nouveau projet en duo. Un album-concept pour raconter la journée, quasi heure par heure, de deux post ados occupés à ne rien faire.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Voici un véritable éloge de la "glande" chez les
jeunes, l'épopée rap de deux loosers qui ressembleraient (de loin bien sûr) à
Orelsan et son compère Gringe (qui l'accompagne dans l'ombre depuis longtemps,
notamment sur scène).

Leur tour de force : camper l'univers de deux jeunes
gars en colocation, qui démarrent par exemple leur journée d'un bon pied, en se
levant à 14h58, d'un pas trainant qui éviterait les cartons de pizzas oubliés
sous le canapé, pour se jeter sur la première télécommande venue. Entre journée
de vide passée sur la console de jeux et les nuits à se consoler dans l'alcool
bon marché, Orelsan et Gringe ont opté pour la chronique urbaine option cinéma.

Un album bavard tendance buddy movie

Les deux rappeurs ont imaginé plusieurs interludes parlés
qui plantent le décor de ce disque assez bavard, mené sur une trame franchement
potache. Un humour totalement idiot et régressif, celui des comédies
américaines de Judd Apatow, des films avec Ben Stiller ou Will Ferrell (leur
nom est d'ailleurs une référence aux cambrioleurs du film Maman j'ai raté
l'avion
).

Un fil rouge de ce disque, le quotidien de deux loosers
occupés à trainer ou à tenir les murs d'un abri bus, avec une grande quête : la
recherche de la vanne ultime. Orelsan et Gringe ont eux-mêmes passé une dizaine
d'année en colocation, de quoi faciliter l'inspiration.

Culture du verbe

Chez Orelsan et Gringe, on ne fait pas dans la poésie et
pourtant il y a une vraie culture du verbe. Les deux donneraient tout pour une
bonne punchline (des rimes qui frappent), quitte à déchainer les ligues
féministes comme lors de la polémique des débuts en solo d'Orelsan. Du coup,
jouer les imbéciles leur offre une liberté totale, notamment sur le morceau
sensible de l'album, qui traite de la prostitution, pour ou contre.

En très peu de mots, ils racontent beaucoup et c'est drôle,
même quand le décor n'est pas sexy. Orelsan et Gringe jouent les Charlot du
rap, à travers le quotidien d'une jeunesse de banlieue provinciale qui galère,
qui s'ennuie, et qui alterne petits boulots minables et soirées de cuite à
l'alcool bon marché.

Le disque fait fuser la vanne au bon moment, c'est aussi
rapide que le débit d'Orelsan est lent dans la vie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.