« L’oubli » de Frederika Amalia Finkelstein, naissance d’une écrivain
Celle d'un manuscrit envoyé sans recommandation par une étudiante en philosophie de 23 ans, qui à peine publiée reçoit une lettre de félicitations de Jean-Marie Le Clézio et qui est dans la première sélection du prix Renaudot.
De ces livres sans balises, où le lecteur est à la fois perdu et fasciné, on sent tout de suite qu'Alma est le prête nom de Frederika, jeune femme inclassable qui déambule la nuit dans Paris
Insomniaque, elle écoute Daft Punk en boucle, boit du Coca Cola et passe des heures sur des jeux vidéos. Quand elle apprend que son grand père juif a fui la Pologne dans les années 30, que le mot shoah fait partie de son patrimoine familial, elle refuse de souscrire au devoir de mémoire. L'oubli pour vivre, mais pas de provocation ici.
Frederika Amalia Finkestein vit dans son époque, elle constate, sans jugement, à distance des émotions, le fossé entre la mémoire de la shoah et l'omniprésence des écrans, du virtuel, page 80 elle écrit : " Nous avons fait des victimes un amas de chiffres, puis nous avons fait des bourreaux un amas de mythes ".
Et pour elle Mickael Jackson, Adolf Hitler cohabitent au panthéon des mythes. Frederika Amalia Finkelstein dégage la puissance de son engagement pour la littérature et la fragilité de son audace.
Son style éblouit, parfois à la serpe, plus loin lyrique et toujours maîtrisé, on voit le travail, le sérieux. D'une scène surréaliste, vraiment vécue, la rencontre, par hasard avec la petite fille du bourreau nazi Adolf Eichman, qui a oublié le nom du camp "Auschwitz" elle fait un morceau de bravoure aussi étourdissant que l'assassinat par Alma de son chien adoré.
Jean-Marie Le Clézio ne s'y est pas trompé, Frederika Amalia Finkelstein n'est pas une femme qui écrit, c'est une écrivain.
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