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John Grant, la revanche du joyeux dépressif

Le chanteur américain John Grant sort vendredi son troisième album solo, "Grey Tickles, Black Pressure", dans lequel il continue à raconter avec humour, recul et beaucoup de talent sa vie compliquée. S'il n'est pas encore très connu en France, il s'est déjà fait remarquer en Angleterre, où ses textes cinglants et ironiques font des ravages.
Article rédigé par Florence Leroy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Extrait de la pochette de l'album "Grey Tickles, Black Pressure", signé John Grant © Bella Union)

John Grant gagne à être connu, d'abord parce que ses textes sont pleins d'humour. Alors certes il faut maîtriser l'anglais, mais cela vaut le coup de s'y pencher. John Grant est un quadragénaire assumé qui s'épanche sur ses nombreux problèmes, tout en les minimisant sans cesse. Dans la chanson-titre de cet album, Grey Tickles, Black Pressure par exemple, il reconnait que ses états d'âme n'intéressent pas grand monde quand on les met en perspective avec les enfants qui ont "le cancer ".

Ancien toxicomane, homosexuel, séropositif et torturé. Dans ses chansons il parle de tout cela, de son enfance dans un Colorado très religieux où il était persécuté à cause de son orientation sexuelle. Au fil des albums - c'est aujourd'hui son troisième - il a affiné son style, sorte de patchwork électro parfois sans queue ni tête. Musicalement, c'est un opéra-rock que le chanteur construit. Sa voix profonde lui permet de moduler toutes sortes d'émotions, on se prend souvent à sourire rien qu'à l'écouter changer de rythme ou de timbre en plein milieu d'une chanson.

Plus que pour d'autres, la musique est donc une thérapie pour lui, et pour une fois ce n'est pas un cliché. John Grant, ce grand barbu au look de hipster, a abandonné il y a dix ans son groupe, les Czars, pour se lancer en solo. Cette vie-là lui convient mieux, tant il peut désormais se dévoiler. "J'ai toujours lutté avec la dépression, le fait de trop réfléchir, la peur... Mais aujourd'hui je ne vois plus cela comme de mauvaises choses ", avoue-t-il.

John Grant est étrangement très connu en Angleterre, mais beaucoup moins chez nous. Les Anglais adorent son humour pince sans rire, lui l'Américain moyen qui parle russe, allemand, un peu français et qui est installé depuis quelques années en Islande dont il apprend la langue pour le moins compliquée. Son histoire, mais aussi sa musique riche et unique méritent que nous, Français, nous penchions un peu plus sur ce cas à part.

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